Rimbaud, le poète / Accueil > Chronologie. |
Chronologie |
"Ce serait la vie française,
le
sentier de l'honneur !" |
L'enfance studieuse (1854-1869)
Un
professeur nommé Georges Izambard (janvier-juillet 1870)
Les grandes vacances
(août-décembre 1870)
Le temps de la Commune
(janvier-mai 1871)
À nous deux, Paris !
(juin-décembre 1871)
"Oisive jeunesse"
(janvier-juin 1872)
Le vertigineux
voillage (juillet-décembre 1872)
"Le roman de vivre à deux
hommes..." (janvier-juin 1873)
La crise de Bruxelles (juillet
1873 - mars 1874)
Quatrième séjour à Londres
(mars-décembre 1874)
"Rimbald le marin". Sur les routes d'Europe et d'Orient (1875-1880)
Agent
commercial à Aden et au Harar (1881-1885)
Pourvoyeur d'armes pour Ménélik II,
roi du Choa (1885-1891)
Derniers
jours (avril-novembre 1891) |
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index
des noms propres
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L'enfance
studieuse
(1854-1869)
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"Que
sait-on si les latins ont existé ? C'est peut-être quelque langue forgée
; et quand même ils auraient existé, qu'ils me laissent rentier et
conservent leur langue pour eux. Quel malheur ai-je fait pour qu'ils me
flanquent au supplice ? Passons au grec... Cette sale langue n'est parlée
par personne, personne au monde ! ...
Ah ! saperlipotte de saperlipopette ! sapristi
! moi je serai rentier ; il ne fait pas si bon de s'user les culottes
sur les bancs, saperlipopettouille !" (écrit par Arthur,
probablement à l'âge de douze ans, lors de sa 4e, sur un de ses cahiers d'écolier).
Frédéric
et Arthur en premiers communiants.
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20 octobre 1854. Naissance
d'Arthur Rimbaud à Charleville, Ardennes. Fils de Vitalie Cuif et
Frédéric Rimbaud, capitaine. Arthur avait un frère, Frédéric, son
aîné d'un an, né en 1853, neuf mois après le mariage de ses
parents. Trois sœurs naîtront dans les années suivantes.
1860. Année de la naissance
d'Isabelle, derniers des enfants du couple et, probablement, de la
dernière visite à Charleville du Capitaine Rimbaud. La séparation
entre Vitalie et son mari ne sera jamais officialisée par un divorce.
Admis à la retraite en 1864, le capitaine Rimbaud s'installera à
Dijon, où il mourra en 1878 sans jamais avoir revu ses
enfants.
Octobre 1861. Arthur entre en
9e, à l'Institution Rossat. Sa scolarité dans cette
institution privée, fréquentée par les familles bourgeoises de
Charleville, sera brillante : nombreux prix dans plusieurs disciplines.
Il y poursuivra ses études jusqu'à la classe de 6e.
Octobre 1864. Arthur entre en 6e.
D'abord à l'Institution Rossat, puis, après les vacances de Pâques
1865, au Collège Municipal de Charleville.
1866. Arthur et Frédéric
font leur première communion. Arthur passe pour un élève très
pieux. Il a même gagné la réputation d'être un "petit cagot" en
faisant le coup de poing contre des condisciples qui profanaient un
bénitier en s'aspergeant d'eau sacrée.
8 mai 1868. Arthur adresse une
lettre en vers latins au Prince impérial, à l'occasion de sa première
communion. Le secret dont il a entouré cette téméraire initiative
lui vaudra les réprimandes du Principal, lorsqu'une lettre de réponse,
rédigée par le précepteur du Prince, parviendra au Collège.
1869. LeBulletin officiel
de l'Académie de Douai publie pendant l'année 1869 trois poèmes
en vers latins d'Arthur Rimbaud : "Ver erat" (15 janvier) ;
"Jamque novus" (1er
juin) ; "Jugurtha",
composition en vers latins qui a remporté le 1er prix au Concours
académique de vers latins du 2 juillet 1869, classe de seconde (15 novembre 1869). Arthur rafle six premiers prix à l'issue de
sa 2e.
Juin 1869.
La famille Rimbaud emménage au rez-de-chaussée, 5bis,
Quai de la Madeleine.
20 octobre
1869 — 15 ans
..................................................................................... |
Le Vieux Moulin de Charleville, aujourd'hui Musée Rimbaud.
Source :
http://www.ardennes-culture.net/Rimbaud/lieux.html
La chronique rapporte (Delahaye) qu'avant d'aller au collège, Arthur et son
frère Frédéric aimaient à manœuvrer une petite barque
attachée au bord de
la Meuse, pas très loin du
Vieux Moulin (qui est aujourd'hui le Musée Rimbaud), et s'amusaient à la secouer en lui imprimant un
mouvement
de tangage, avant de s'absorber dans la contemplation du flot en train
de s'aplanir.
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Un
professeur nommé Georges Izambard
(janvier-août 1870) |
Georges
Izambard
Monsieur
Je vous suis on ne peut plus reconnaissante de
tout ce que vous faites pour Arthur. Vous lui prodiguez vos conseils, vous
lui faites faire des devoirs en dehors de la classe, c’est autant de
soins auxquels nous n’avons aucun droit. Mais il est une chose que je ne
saurais approuver, par exemple la lecture d’un livre comme celui que
vous lui avez donné il y a quelques jours (les misérables V.Hugot) [...]
J'ai l'honneur de vous présenter mes respects.
V.
Rimbaud |
Janvier
1870. Un nouveau professeur de lettres, âgé de vingt-deux ans,
Georges Izambard, est chargé de la classe de "rhétorique"
(première, option littéraire) où Rimbaud a été admis en octobre
1869. Arthur prend vite l'habitude de montrer ses vers à ce jeune
professeur qui, de son côté, fait découvrir à son élève la poésie
la plus contemporaine.
2 janvier. Parution dans La
revue pour tous des Étrennes
des orphelins.
4 mai. Madame Rimbaud proteste
auprès d'Izambard contre les mauvaises lectures qu'il favorise auprès
de son fils (Les Misérables de Hugot —
sic —). Voir extrait ci-contre.
24 mai. Lettre
d'Arthur à Théodore de Banville, accompagnée de trois poèmes,
sollicitant une publication dans Le Parnasse contemporain.
16 juillet. Les préparatifs de
guerre s'achèvent. Le bonapartiste Paul de Cassagnac lance un appel au
peuple dans Le Pays. Rimbaud s'indigne dans Morts
de quatre-vingt-douze.
18 juillet. Izambard quitte
Charleville pour prendre ses vacances dans sa ville de Douai : Rimbaud
lui lit Soleil et chair
et lui remet sa nouvelle : Un
cœur sous une soutane.
19 juillet. La France déclare
la guerre à la Prusse.
2 août. Succès des armes
françaises à Sarrebruck. Rimbaud raillera l'élan de chauvinisme
déclenché par cette victoire sans lendemains dans un poème du Recueil
de Douai.
6 août. Distribution des prix.
Rimbaud refuse la proposition patriotique faite par les autres
lauréats de faire le sacrifice des livres reçus au profit de l'effort
de guerre.
13 août 1870. Le journal
satirique La Charge publie Trois
baisers.
25 août. Lettre
d'Arthur à Georges Izambard, où il fait la satire du "patrouillotisme"
des habitants de Charleville et annonce des projets de vie nouvelle
"après les vacances".
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Source :
http://www.ardennes-culture.net/Rimbaud/lieux.html
De 1869 à 1875, la famille Rimbaud a vécu
au premier étage de cette maison,
située Quai de la Madeleine, non loin du Vieux Moulin, au bord de la Meuse (aujourd'hui :
Maison des Ailleurs, 7,
Quai Rimbaud).
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Les
grandes vacances
(août-décembre 1870) |
"Allons,
chapeau, capote, les deux poings dans les poches, et sortons."
(lettre à Georges Izambard, 2 novembre 1870).
Rimbaud
en 1870 (par Ernest Delahaye)
Paul
Demeny, ami de Georges Izambard,
poète et éditeur à la Librairie artistique (Paris).
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29
août. Arthur prend le train pour Paris, quittant sans avertir
personne le foyer maternel. Arrêté sans argent en Gare du Nord, il est
écroué à la prison de Mazas le 31 août.
2 septembre. Capitulation de
l'armée française (fin du siège de Sedan) — 4 septembre : proclamation
de la République.
5 septembre. De Mazas, Rimbaud lance un
appel au secours en direction d'Izambard, qui envoie de l'argent, le
fait libérer et l'accueille pendant trois semaines à Douai dans sa
maison familiale (chez les sœurs
Gindre, qui sont en quelque sorte ses
mères adoptives).
20-25 septembre. Converti au
patriotisme par la proclamation de la République (4/09) et le siège de
Paris (19/09), Rimbaud tente en vain (à cause de son
âge) de s'engager dans la Garde Nationale de Douai, aux côtés d'Izambard. Il rédige pour ce dernier une
lettre de protestation,
projet de pétition demandant au Maire de Douai de fournir des armes à
la Garde nationale (20/09). Il rédige aussi pour le Libéral du Nord,
journal dont
Izambard est rédacteur en chef, un compte-rendu de réunion qui fera
quelques vagues (25/09).
26 ou 27 septembre. Réclamé
vigoureusement par sa mère, Rimbaud rentre à Charleville en compagnie
d'Izambard. Il a profité de son séjour à Douai pour recopier ses poèmes de l'année
et les confier à Paul Demeny, poète et éditeur, par qui il espère être publié.
6 ou 7 octobre. Nouvelle fugue
de Rimbaud, vers Charleroi (Belgique) où il essaie en vain de trouver
un emploi de journaliste.
mi-octobre. Retour à Douai où
il est loin d'être le bienvenu. Nouveau séjour de trois semaines chez Izambard.
Rimbaud remet à Demeny 7 nouveaux sonnets. Ce sont en tout 22
poèmes qu'il espère voir publiés et qui forment ce qu'on appelle le Recueil
de Douai.
20 octobre 1870 — 16 ans
.....................................................................................
1ernovembre. Rimbaud
quitte à nouveau Douai, mais cette fois sous la protection des
gendarmes que Madame Rimbaud a chargés de l'opération.
Le lendemain, Arthur adresse une lettre
à Izambard, où il lui affirme son intention de lui obéir
pour mériter son amitié et de ne plus céder à la tentation de la
fuite.
25 novembre. Le Progrès des
Ardennes, journal républicain de Charleville, publie une
"fantaisie" en prose de Rimbaud intitulée Le Rêve de
Bismarck.
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Sur cette vieille carte postale de Charleroi,
au premier étage de l'Hôtel de l'Espérance (rue de droite, fenêtres 7,8,9 à partir de la
gauche), on distingue l'inscription "A LA MAISON VERTE" et, au
rez-de-chaussée, "RESTAURANT". C'est le "Cabaret-Vert". Sources : "La dernière trace du passage de Rimbaud à Charleroi n’a pas
résisté à la promotion immobilière",
par André Guyaux, blog
Rimbaud ivre.
"Autour du Cabaret vert", blog conçu par la
Bibliothèque de l'Université du Travail à Charleroi.
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Source :
http://www.pileface.com/sollers/article.php3?id_article=640
Texte de Rimbaud, signé du pseudonyme "Jean
Baudry", publié dans Le Progrès des Ardennes, le 25 novembre 1870.
Le document a été déniché chez un bouquiniste de Charleville par le cinéaste
Patrick Taliercio et reproduit par L'Union le 24 avril 2008.
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Le
temps de la Commune
(janvier-mai 1871) |
Arthur
avec les cheveux longs, en 1871,
par Ernest Delahaye.
"—
Je serai un travailleur : c'est l'idée qui me retient quand les colères
folles me poussent vers la bataille de Paris, — où tant de
travailleurs meurent pourtant encore tandis que je vous écris !
Travailler maintenant, jamais, jamais ; je suis en grève.
Maintenant, je m'encrapule le plus possible. Pourquoi ? je veux être
poète, et je travaille à me rendre voyant." (Arthur Rimbaud,
lettre dite "du
voyant", 13 mai 1871).
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15 février 1871. Annonce de la réouverture du collège au Théâtre
municipal. Arthur refuse de s'y rendre.
25
février-10 mars. Séjour d'Arthur à Paris où il visite les
librairies et cherche à prendre contact avec certains milieux
journalistiques et littéraires. La chronique (ou la légende ?)
rapporte qu'il serait rentré à Charleville à pied.
1ermars. Les troupes
allemandes défilent dans Paris.
18 mars. Début de
l'insurrection du peuple de Paris.
7 avril. Les Versaillais
bombardent Neuilly.
12 avril. Réouverture du
collège de Charleville (retardée de plusieurs mois par la guerre).
Arthur ne reprend pas ses études. Il a trouvé un emploi au Progrès des Ardennes
qu'il n'occupera que cinq jours, le journal ayant été
suspendu dès le 17 avril.
17 avril. Lettre à Demeny.
Rimbaud y rend compte de son précédent séjour à Paris.
17 avril-13 mai. Rimbaud s'est
peut-être rendu à Paris pendant cette période. Les historiens
discutent encore pour savoir si le jeune poète a pu réellement s'engager dans
la Garde nationale et/ou participer à la Commune, comme il a été dit
(Delahaye, Nouveau,
Verlaine l'ont soutenu). Rien n'est sûr.
13 mai. Depuis Charleville,
Rimbaud adresse une lettre à Georges Izambard (première des lettres
dites "du voyant"). Il y exprime clairement sa solidarité
avec le mouvement insurrectionnel et y ébauche un "art
poétique".
15 mai. Nouvelle lettre dans
l'esprit de la précédente, mais beaucoup plus développée et
adressée à Paul Demeny.
21-28 mai. Les Versaillais
pénètrent dans Paris. C'est la "Semaine sanglante". |
"Les choses du jour étaient
Le Mot
d'ordre et les fantaisies, admirables, de Vallès
et de Vermersch au Cri du Peuple." Rimbaud à Demeny,
lettre du 17
avril 1871.
Source :
http://www.bookine.net/vallesbio.htm
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À
nous deux, Paris !
(juin-décembre 1871) |
"Voici
ce que j'ai fait pour leur présenter en arrivant." (Rimbaud
à Delahaye, parlant du "Bateau ivre").
"[...]
tel est ce môme dont l'imagination, pleine de puissance et de
corruptions inouïes, a fasciné ou terrifié tous nos amis [...] C'est
un génie qui se lève" (lettre du poète Léon Valade à
Émile Blémont, 5 octobre 1871).
Verlaine,
Valadeet Mérat au dîner des Vilains-Bonshommes (dessin de Verlaine). |
10
juin 1871. Lettre à
Demeny, accompagnée de poèmes. Rimbaud s'y plaint du manque
d'argent et demande à Demeny de brûler les poèmes qu'il lui a
confiés antérieurement.
15 août. Lettre
à Théodore de Banville contenant "Ce qu'on dit au poète à
propos de fleurs".
28 août. Lettre
à Demeny. Rimbaud rapporte les menaces que sa mère fait peser sur
lui (la pension, la maison de correction) et sollicite une aide pour
trouver un emploi à Paris.
Septembre. Sur la
recommandation d'Auguste Bretagne, un ami de Verlaine dont il a fait la
connaissance, Rimbaud envoie à l'auteur des Fêtes Galantes plusieurs des poèmes
rédigés dans les mois précédents. Ses deux lettres ont été
perdues, ainsi que les réponses de Verlaine. Mais on sait par Delahaye
que ces réponses furent chaleureuses. Verlaine envoya l'argent du
voyage et organisa l'accueil de Rimbaud par sa famille et ses amis.
entre
le 20 et le 25 septembre. Date fournie par Delahaye. Rimbaud
lit à Delahaye son "Bateau ivre", qu'il a
rédigé dans le but d'épater le milieu littéraire parisien.
30
septembre. Rimbaud assiste au dîner des "Vilains-Bonshommes"
(réunion périodique des poètes parnassiens où l'on banquetait et
lisait des vers). Rimbaud fait sensation, par sa jeunesse, par la
hardiesse de ses propos, par la qualité de ses vers (voir ci-contre).
Octobre.
La gauche communarde des "Vilains-Bonshommes" se regroupe dans
le Cercle zutique. Le photographe
Étienne Carjat grave ses célèbres portraits de
Rimbaud.
15 octobre. D'abord
logé par Verlaine, Rimbaud se rend vite désagréable à
Mathilde
(femme de Verlaine) et aux autres membres de la famille
Mauté.
Mi-octobre, il aménage chez Charles
Cros. Il sera hébergé à tour de
rôle chez divers poètes et artistes qui se cotisent pour lui permettre
de vivre à Paris. Il semble qu'il se soit conduit partout avec un
certain sans-gêne.
20 octobre
1871 — 17 ans
.....................................................................................
16
novembre. Une chronique théâtrale (rédigée par un ami de Verlaine,
Lepelletier) signale la présence des
Parnassiens à une pièce de Glatigny donnée à l'Odéon, et précise :
"Le poète saturnien Paul Verlaine donnait le bras à une charmante
jeune personne, Mlle Rimbaut". |
Paul-Auguste Bretagne portraituré par
Verlaine
Bretagne est parfois dit Charles, ou Auguste, ou Charles-Auguste. Dans sa
lettre à Charles de Sivry datée de la Nuit
de Noël 1871, qui contient un autre portrait du personnage, Verlaine précise
qu'"il a des côtelettes, à présent" (c'est-à-dire
des favoris), fait référence à lui comme "ce prêtre" et envoie à son
correspondant "l'adresse du « Martyr »".
Source :
http://bteyssedre.blog.lemonde.fr/2009/05/21/r18-une-maquerelle-nommee-bretagne/
Vignette de l'Hôtel des Étrangers figurant
sur la couverture de
l'Album zutique.
Source :http://lechercheurindependant.blogspot.com/2016/09/le-sejour-de-rimbaud-paris-suite.html
Les Zutistes s'étaient aménagé un local (avec bar et piano) dans une
chambre du 3e étage de cet
établissement situé à l'angle de la rue Racine et de la rue de
l'École de médecine. Verlaine, Rimbaud
et leurs amis du Cercle zutique s'y réuniront assidûment
de la mi-octobre à la fin de l'année 1871.
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"Oisive
jeunesse"
(janvier-juin 1872) |
Rimbaud, par Cazals.
L'ombre dessine un profil de Verlaine.
Verlaine par Carjat (1872, 28 ans). |
Début
janvier 1872. Les poses commencent pour le fameux Coin
de tabledeFantin-Latour, qui sera exposé au "Salon"
début mai.
13 janvier. Point culminant
d'une série de violentes scènes de ménage, Verlaine, en proie à
l'ivresse, manque d'étrangler sa femme. Mathilde se réfugie, avec son
fils Georges (Verlaine est père depuis le 28 octobre 1871), chez ses
parents, à Périgueux.
2 mars. Au cours d'un dîner des
Vilains-Bonshommes, Rimbaud blesse Carjat avec la canne-épée de
Verlaine. Verlaine doit faire face à la réprobation croissante de ses amis à
l'égard des farces de mauvais goût,
parfois méchantes, de son
jeune protégé. En outre, Mathilde le menace d'une séparation. Aussi
annonce-t-il à Rimbaud qu'il refuse de l'entretenir plus longtemps et lui
demande de quitter Paris pendant quelque
temps.
15 mars. Retour de Mathilde à
Paris, reprise de la vie commune.
mars-avril. Rimbaud est en exil à
Charleville, où il semble qu'il ait surtout hanté les bistrots en
compagnie de Delahaye. Verlaine et Rimbaud échangent une correspondance
clandestine, que l'on ne connaît que par les lettres de
Verlaine. Les
"lettres martyriques" de Rimbaud ont été perdues. Leur
contenu probable : ressentiments et demandes de retour.
4 mai. Retour de Rimbaud à
Paris, où il mène une vie discrète.
9 mai. Au café du Rat-mort (Place
Pigalle),
en présence du poète Charles Cros qui en a fait le récit, Rimbaud
taillade avec un canif, par jeu, les poignets et les cuisses de
Verlaine, le blessant sérieusement.
Juin. Pris de boisson,
Verlaine menace Mathilde d'un couteau dans un restaurant. Il recommence
à déserter le foyer conjugal et à s'en prendre violemment à Mathilde.
Jumphe 72. Célèbre lettre
de Rimbaud à Ernest Delahaye. Arthur y évoque sa vie au Quartier
Latin, ses nuits de travail, ses soûleries à l'Académie
d'Absinthe (taverne Pellorier) :
"Vive
l'académie d'Absomphe, malgré la mauvaise volonté des garçons !
C'est le plus délicat et le plus tremblant des habits, que l'ivresse
par la vertu de cette sauge de glaciers, l'absomphe. Mais pour, après,
se coucher dans la merde !" (lettre à Ernest
Delahaye, Jumphe
1872). |
Source : Association
Autour du Père Tanguy.
LeCabaret Pellorier,
175 rue
Saint-Jacques.
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Le
vertigineux voillage (juillet-décembre 1872) |
"Je
voillage vertigineusment" (Paul
Verlaine, billet adressé à Lepelletier,
juillet 1872).
"Ma
pauvre Mathilde, n'aie pas de chagrin, ne pleure pas ; je fais un
mauvais rêve, je reviendrai un jour." (billet de Paul
Verlaine,
juillet 1872, d'après les mémoires de Mathilde
Mauté).
Mathilde Mauté de Fleurville
épouse Verlaine
|
7
juillet 1872. Verlaine et Rimbaud quittent Paris sans avertir
personne. Ils gagnent en train la Belgique, en passant par Arras (où
une farce de leur style les conduit au poste de police) et par
Charleville (où ils festoient en compagnie de l'ami Bretagne).
Plusieurs poèmes de Verlaine (dans Romances sans paroles) et de
Rimbaud évoquent cet épisode belge.
21 juillet. Mathilde arrive à
Bruxelles (en compagnie de la mère de Verlaine). Elle parvient à
convaincre Paul de repartir avec elle ("Birds in the night",
dans Romances sans paroles évoque ces retrouvailles). Mais
Rimbaud, qui a pris secrètement le même train, retourne le faible Verlaine au moment où il allait franchir la frontière franco-belge.
Cet épisode rocambolesque met fin à la vie conjugale tourmentée de
Paul Verlaineet Mathilde Mauté.
7 septembre. Les deux poètes
gagnent Ostende où ils s'embarquent pour l'Angleterre.
Septembre-octobre. À Londres,
ils trouvent à louer la chambre que vient de quitter, pour cause de
mariage, le poète et journaliste communard Eugène
Vermersch, au 34-35 Howland Street.
Ils consacrent les semaines qui suivent à visiter Londres et ils
prennent contact avec le milieu des exilés communards, nombreux dans la
capitale britannique.
10 septembre. Première de
plusieurs rencontres avec Félix Régamey, dessinateur français
installé à Londres, ami de Verlaine. Les deux poètes inscrivent des
poèmes d'inspiration zutique sur l'album de l'artiste (cf. "L'enfant
qui ramassa les balles...").
2 octobre. Mathilde demande
officiellement la séparation de corps (le divorce n'existe pas), en fondant son dossier sur les
"relations infâmes" existant entre son mari et Rimbaud.
20 octobre 1872 — 18 ans
.....................................................................................
Novembre. Paul et Arthur
demandent à Mme Rimbaud de persuader
Mathilde de ne pas impliquer
Arthur dans le procès qu'elle intente contre Verlaine. Aussi étonnant
que cela paraisse, "la Mother" accepte de s'entremettre et se
rend à Paris. En vain.
Début décembre. Rimbaud
retourne à Charleville, sur le conseil de Verlaine, afin de complaire
à sa mère. Verlaine, seul, gravement déprimé, lance des appels au
secours en direction de ses amis et de sa mère, qui arrive à Londres
pour le Nouvel an.
|
Lettre de Verlaine à Edmond Pelletier -
Deuxième ou troisième semaine de septembre 1872
Verso de la
première lettre adressée d'Angleterre à Edmond Lepelletier. Le
recto contenait les trois premières strophes de Bird in the night (Romances sans paroles) ici
intitulé À celle qui est restée en France et daté de "Bruxelles, 5 7bre
72".
Collection
particulière
Catalogue de
la vente du 31 mai 2005 à l'Hôtel Drouot
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"Le
roman de vivre à deux hommes ..." (janvier-juin 1873) |
Rimbaud
et Verlaine à Londres.
Dessin de Félix Regamey.
Les courses
furent intrépides
(Comme aujourd'hui le repos pèse !)
Par les steamers et les rapides,
(Que me veut cet at home obèse ?)
Nous
allions, — vous en souvient-il,
Voyageur où ça disparu ? —
Filant légers dans l'air subtil,
Deux spectres joyeux, on eût cru !
Verlaine,
Laeti et errabundi, 1887.
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3
janvier 1873.
Retour de Rimbaud à Londres, qui entraîne un
rétablissement spectaculaire du moral de Verlaine, au témoignage de sa
correspondance avec ses amis parisiens. On sait peu de choses sur
l'activité des deux poètes pendant ce second séjour londonien de
Rimbaud.
4 avril.
Verlaine s'embarque pour la France (via Ostende), sur le steamer Comtesse-de-Flandres.
Il espère rencontrer Mathilde et parvenir à un arrangement. On n'est
pas certain que Rimbaud ait pris le même bateau que lui.
11 avril.
Rimbaud arrive à l'improviste à la ferme de Roche (héritage de la
famille Cuif), "triste trou" où séjournent sa mère, son
frère Frédéric et ses sœurs. C'est son premier séjour dans ce lieu
mythique, où il reviendra épisodiquement jusqu'à l'année de sa mort.
avril-mai (sept semaines).
Verlaine s'installe
chez sa tante à
Jéhonville. D'une part, Mathilde refuse
tout entretien, d'autre part il craint d'être inquiété comme ancien
communard s'il pénètre sur le territoire français (la police
surveille particulièrement Verlaine moins à cause de ses faits et
gestes pendant la Commune qu'à cause de ses relations londoniennes). Il
s'occupe de faire éditer son recueil Romances sans paroles (qui paraîtra
l'année suivante).
Verlaine et Rimbaud se rencontrent à plusieurs
reprises, le dimanche, à Bouillon, localité située à mi-chemin entre
Jéhonville et
Charleville, en compagnie de Delahaye.
Une lettre
de Rimbaud à Delahaye, datée mai 73, décrit l'ennui de la vie à
Roche et évoque la rédaction de "petites histoires en
proses" intitulées "Livre païen, ou Livre nègre".
"Mon sort dépend de ce livre", ajoute Rimbaud. Il s'agit
probablement d'Une saison en enfer.
27 mai.
À la suite d'une décision
soudaine, Verlaine et Rimbaud s'embarquent à Anvers pour l'Angleterre, sur le
steamer du Great Eastern Railway. Location d'un garni à Camden Town.
Juin. Les deux amis vivent des
subventions de la mère de Verlaine et de quelques leçons de français,
qu'ils trouvent par des annonces dans les journaux. De nombreuses et
violentes disputes semblent avoir marqué ce troisième séjour
londonien de Rimbaud.
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Inscription de Rimbaud au registre de la bibliothèque du British
Museum
(Rimbaud déclare qu'il n'a pas moins de 20 ans alors qu'il en a
19).
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Source :
http://rimbaud.jimdo.com/_london.php
La maison de Camden Town, 8 Great College street, telle qu'on peut la
voir aujourd'hui, après une campagne d'opinion (et de restauration)
qui l'a sauvée
in extremis des pelleteuses des promoteurs. C'est là que le
3 Juillet 1873 Rimbaud se met
à la fenêtre et, voyant Verlaine
revenir des commissions un maquereau à la main, enveloppé dans un journal, lui lance :
"Mon pauvre
vieux, ce que tu as l'air con avec ton maquereau !"
... D'où procède (entre autres) la "crise de Bruxelles".
À gauche : plaque
commémorative du 8 Royal College street, à Londres.
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La
crise de Bruxelles (juillet
1873 - mars 1874) |
Revolver
7 mm avec lequel Verlaine
tira sur Rimbaud le 10 juillet 1873
Sorti
de l'hôpital le 20 juillet, Rimbaud reste quelques jours à Bruxelles,
chez une certaine Mme Pincemaille, marchande de tabac, rue des Bouchers,
où le peintre Jeff Rosman fait son portrait :
Rimbaud
alité et blessé, par Jeff Rosman
(Musée Rimbaud de Charleville) |
3 juillet 1873. Verlaine
s'embarque précipitamment pour la Belgique. "En mer", il
adresse une lettre à Rimbaud où il justifie sa fuite par les
"scènes sans motif" que Rimbaud ne cesse de lui faire. Il annonce qu'il se tuera si, dans les trois jours,
Mathilde n'a pas
accepté de reprendre la vie commune. De Bruxelles, il
lance tous azimuts des courriers où il menace de se suicider.
4,
5, 7 juillet. Lettres de
Rimbaud à Verlaine : "il me
fallait absolument partir [...] cette vie violente et toute de scènes
sans motif que ta fantaisie ne pouvait m'aller foutre plus !"
(lettre de Verlaine à Rimbaud, 3 juillet 1873).
"Le seul vrai mot, c'est : reviens, je veux être avec toi, je
t'aime." (lettre de Rimbaud à Verlaine, 5 juillet 1873).
6
juillet. Madame Rimbaud, à qui Verlaine a écrit aussi, adresse une
lettre amicale et compatissante à l'ami de son fils, en essayant de le
raisonner.
8 juillet.
Rimbaud se rend à Bruxelles, sur la demande de Verlaine.
10
juillet. Verlaine, ivre, tire au revolver sur Rimbaud et lui loge
une balle dans l'avant-bras gauche. Dénoncé par Rimbaud auprès d'un
agent de police, Verlaine est écroué.
19
juillet. Rimbaud renonce officiellement à toute poursuite contre
son ami.
8 août. Verlaine
est jugé et incarcéré (deux ans de prison).
fin
juillet-début septembre. Rimbaud est à Roche, où il rédige Une
saison en enfer (daté Avril-Août 1873), dans un état d'agitation
extrême (dit la chronique familiale).
20 octobre 1873 — 19 ans
.....................................................................................
23
octobre. Bruxelles. Rimbaud, invité à prendre livraison de
la plaquette chez Poot, n'en retire que quelques exemplaires (dont l'un
est transmis à Verlaine). Malgré l'envoi de plusieurs exemplaires à
d'anciens amis, il n'y a aucun écho, aucun compte rendu dans la presse.
Fin
1873-début 1874. On a très peu d'informations sur cette période.
On sait seulement qu'Arthur fait un séjour à Paris fin octobre-début
novembre où l'accueil à lui réservé par le milieu littéraire est
glacial. Puis, il passe probablement l'hiver à Charleville.
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La ferme familiale des Cuif
à Roche d'après de vieilles cartes postales.
La maison Rimbaud à Roche
pendant l'occupation allemande.
Les allemands ayant
détruit ce bâtiment en 1918, il n'en reste plus
aujourd'hui qu'un pan de mur.
sources :
Musée Bibliothèque Arthur Rimbaud et
http://bibliotheque-gay.blogspot.fr/2017/04/patti-smith-et-rimbaud.html
Dédicace figurant sur l'exemplaire d'Une
saison en enfer offert à Verlaine.
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Quatrième
séjour à Londres
(mars-décembre 1874) |
Germain
Nouveau
"Ce
départ précipité à l'anglaise [...] ressemblait fort à un
enlèvement : il ne nous dit rien qui vaille. Soumis à l'influence
directe de Rimbaud, en pays étranger, sans contrepoids, nous crûmes
Nouveau perdu, ou n'en valant guère mieux."
Jean
Richepin, La
Revue de France, 1927.
|
26
mars 1874. Une lettre de Germain Nouveau à
Jean Richepin nous
apprend que Rimbaud séjourne à Londres à cette date et que les deux
poètes ont loué ensemble "une room dans Stamford street
dans une famille dont le bon jeune homme, qui sait un peu de français,
converse tous les jours une heure avec nous, dans le but qu'il se
perfectionne".
4 avril. Le registre de la
"reading room"duBritish Museum
nous apprend que Rimbaud et Nouveau se sont inscrits de concert ce jour.
Nouveau ayant pour prénoms Marie Bernard Germain, Rimbaud —
par plaisanterie —
ajoute aux siens le prénom de
Joseph (Jean Nicolas Joseph Arthur Rimbaud).
mai.
Nouveau a quitté Londres et il semble même (d'après ses
petites annonces dans les journaux anglais) qu'il ne partage
plus son logement avec Rimbaud depuis le début du mois de mai. C'est
donc probablement avant cette date que Nouveau
aura effectué la copie de deux poèmes
des Illuminations où l'on reconnaît sa main ("Métropolitain" et
"Villes, L'acropole officielle..."). On sait que la
mise au net, sinon la rédaction même, des Illuminations,
date de cette année 1874.
9, 10 et 11 juin. Une petite
annonce dans un journal nous apprend que Rimbaud recherche des
"conversations avec des gentlemen anglais" et qu'il a changé
d'adresse.
Source : Lefrère, Arthur Rimbaud, Fayard, 2001.
juin. Rimbaud, malade, est
hospitalisé à Londres (on n'en sait pas beaucoup plus).
6 juillet. Madame Rimbaud et sa
fille Vitalie sont à Londres, probablement après avoir reçu un appel
au secours de la part d'Arthur. On sait tout ou presque sur leurs
visites touristiques au cours de ce mois de juillet, faites sous la
conduite d'Arthur, grâce au journal intime de Vitalie.
29 juillet. Rimbaud reçoit
enfin une offre de travail intéressante, qui l'oblige à quitter
Londres pour une ville de province (inconnue). Madame Rimbaud regagne
Charleville le 31 juillet.
octobre. Bien que dispensé des
obligations militaires par l'engagement de son frère Frédéric, Arthur
(qui a fait ses vingt ans le 24) est tenu de se présenter devant le
conseil de révision et d'accomplir une période minimale d'instruction.
Sa mère fait repousser l'échéance.
20 octobre 1874 — 20 ans
.....................................................................................
17 novembre. Une petite
annonce nous apprend que Rimbaud se trouve à Reading et cherche un
job de secrétaire ou d'accompagnateur auprès d'un gentleman désirant
voyager.
29 décembre. Rimbaud est de
retour à Charleville.
|
La main de Germain Nouveau
dans le manuscrit des Illuminations.
Feuillet 24 du manuscrit. En haut, la
fin de Métropolitain, en bas le texte de Barbare.
Notez dans Métropolitain la particularité de la graphie
des "s" en fin de mot, qui ne se retrouve jamais dans l'écriture
de Barbare. Notez la tendance à
ne pas lever la main entre deux mots normalement séparés. Ce
sont, d'après les experts, des caractéristiques de l'écriture de
Nouveau. Henry de Bouillane de Lacoste a montré en 1949 que deux
poèmes du manuscrit des Illuminations (Villes
L'acropole officielle... et Métropolitain) attestent l'intervention de Nouveau.
Source :
Manuscrit
autographe ayant servi pour l'impression des vingt-neuf premiers poèmes
des Illuminations : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8451618h
|
|
Inscription de Nouveau et Rimbaud au registre de la "reading room"duBritish Museum.
Source : Association internationale des Amis de Rimbaud.
|
"Rimbald le marin".
Sur
les routes d'Europe et d'Orient (1875-1880) |
Ernest
Delahaye, l'ami de Charleville,
vers
1890.
Dessin
Delahaye
Delahaye — Quand
repars-tu ?
Rimbaud — Aussitôt que possible.
|
1875 |
13 février. Départ pour Stuttgart comme précepteur. Rimbaud
apprend l'allemand. Verlaine,
sorti de prison à la mi-janvier, lui rend visite fin février.
Rimbaud lui confie Les Illuminations. Une
lettre à Delahaye de février 75 nous renseigne
humoristiquement sur ces retrouvailles.
mai-juin.
Il est en Italie. Malade (insolation), il se fait rapatrier
par le consul de France à Livourne. juillet. Delahaye
rapporte à Verlaine que Rimbaud songe à s'engager dans la guerre
civile espagnole du côté des Carlistes "histoire d'aller
apprendre l'espagnol". 14 octobre.
Lettre à Delahaye, postée à Charleville. Rimbaud y annonce
son intention de passer le baccalauréat et de faire son
instruction militaire. La chronique le décrit aussi, en ce
dernier trimestre 75, passé à Charleville, prenant des leçons de
piano. |
1876 |
18 mai. Après
un périple (Vienne, Bruxelles, Rotterdam) Rimbaud est à
Harderwijk où il s'enrôle pour six ans parmi les mercenaires
combattant aux Indes néerlandaises. 22 juillet. L'unité à
laquelle appartient Rimbaud est à Java. 15 août.
Rimbaud déserte.
"Quand Rimbaud revint de la tournée Sumatra-Java, il traversa
Paris où on le vit habillé en marin anglais [...] [Germain
Nouveau] l'appela désormais Rimbald le marin" (E.Delahaye,
Les Illuminations et Une saison en enfer, Messein, 1927,
p.16). Arthur arrive le 6 décembre à Charleville, où il
passe l'hiver. |
1877 |
Mi-mai. Il
est à Brême où il cherche à s'engager dans la marine américaine.
Juin. Stockholm. Août. Copenhague. Septembre.
Charleville. |
1878 |
On ne sait rien des
premiers mois. Été. Roche. 20 octobre. Départ pour
Alexandrie, via les Vosges, la Suisse, Milan (cf. la fameuse
lettre sur le franchissement, à pied, du Saint-Gothard).
16 décembre. Il est contremaître dans le bâtiment, à Chypre. |
1879 |
28 mai. Ayant
contracté la fièvre typhoïde, Rimbaud quitte son emploi à Chypre
et rentre à Roche, où il passe plusieurs mois. |
1880 |
Mars.
Alexandrie. Chypre, où il s'embauche à nouveau sur un chantier
de construction. Août. Aden. Il trouve un emploi dans la
maison Mazeran, Viannay,
Bardey et Cie (commerce des peaux et du café).
Novembre. Il est affecté à la succursale de cette maison
commerciale dans le Harar, qu'il rejoint en décembre.
C'est la fin d'une longue errance... et le début d'une carrière. |
|
Lettre à Ernest Delahaye, datée : « février 75 ».
Source :
http://www.deslettres.fr/lettre-darthur-rimbaud
La maison Bardey, à Aden.
Source :
Le Figaro (J.-J. Lefrère/Flammarion)
Voir la page :
Photos d'Afrique.
Autoportrait photographique
joint à la lettre du 6 mai 1883 envoyée par Rimbaud à sa famille (détail).
Rimbaud est coiffé d'un calot. Il pose sur la terrasse de la maison qu'il habite
à cette date, à Harar.
|
|
Agent
commercial à Aden et au Harar (1881-1885) |
"Plus
heureux, M.Rimbaud, voyageur au service de la maison Mazeran,
Bardey
et
Ce, qui a pu, dit-on, revenir sain et sauf d'une excursion
faite chez les Ogaden en plein pays çomali" (bulletin de la Société
normande de Géographie, 1884).
|
juin-juillet 1881. Rimbaud, qui
a passé l'hiver à Harar, pénètre plus avant à l'intérieur du pays
abyssin en quête d'ivoire et de peaux.
décembre.
Il quitte le Harar et rejoint la maison mère à Aden, où il passe
l'année 1882.
1882. À
Paris paraît un roman de Félicien Champsaur, intitulé Dinah Samuel,
qui met en scène Rimbaud sous le nom crypté d'Arthur Cimber. Dans un
chapitre du roman, un peintre impressionniste tente de convaincre un
homme de lettres que Rimbaud est le plus grand poète qui soit. À titre
de preuve, il récite deux strophes des Chercheuses
de poux.
Fin mars 1883. Rimbaud
retourne à Harar.
Août 1883.
Rimbaud organise une expédition en Ogadine (Ogaden), région dangereuse
et peu connue à l'époque.
5
octobre 1883. Verlaine publie dans la revue Lutèce (5
octobre et 10 novembre) une série intitulée Les Poètes maudits.
L'étude consacrée à Rimbaud offre le texte de six poèmes (plus deux
extraits d'autres poèmes). C'est la première présentation publique un
tant soit peu conséquente de l'œuvre de Rimbaud.
10
décembre 1883. Il rédige un récit de son voyage en Ogadine pour
la Société de Géographie.
Mars
1884. La firme Bardey étant mise en liquidation, Rimbaud quitte
Harar pour Aden, où il séjourne jusqu'en novembre 1885.
Avril 1884.
Verlaine publie
en volume ses Poètes maudits. La jeune génération symboliste,
qui découvre alors Rimbaud, s'intéresse particulièrement au sonnet
des Voyelles qui sera dans
les années suivantes au centre d'un intense débat littéraire. |
Photo Bidault de
Glatigné, 1888-1889, Société de géographie de Paris.
C'est dans cette bâtisse
à étage, située au nord de la place principale Faras Magala (marché aux
chevaux) de Harar,
anciennement palais de Raouf Pacha, qu'Alfred Bardey établit la factorerie où travailla et vécut
Rimbaud
de début décembre 1880
à début décembre 1881 et de mi-avril 1883 à début mars 1884.
|
.
Face à Rimbaud
de Jean-Jacques Lefrère aux éditions Phébus, 2006
|
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Pourvoyeur
d'armes pour Ménélik II, roi de Choa (1885-1891) |
Revue La Vogue n°7, du 7 au 14 juin 1886.
Le sommaire annonce :
I- M. PAUL VERLAINE : Les Poètes Maudits, nouvelle série (Pauvre
Lélian).
II- FEU ARTHUR RIMBAUD : Les Illuminations (suite).
|
Octobre
1885. Rimbaud décide de rompre son contrat avec Bardey
pour
s'associer avec Labatut dans une affaire d'importation d'armes dans le
Choa.
Novembre 1885. Il traverse la
mer Rouge et gagne Tadjoura où se forme la caravane, mais diverses
péripéties (mort de Labatut, entraves administratives) le bloquent
dans cette ville jusqu'en septembre 1886.
Mai-juillet
1886. À Paris, la revue La Vogue publie les Illuminations
(en y incluant abusivement plusieurs des poèmes de 1872), d'abord en
feuilleton (en cinq livraisons successives) puis en brochure, ainsi qu'Une saison en enfer. La rumeur
de la mort de l'auteur ayant couru, la livraison du 7 juin présente Les
Illuminations comme étant l'œuvre de "FEU ARTHUR
RIMBAUD".
6 février 1887. Rimbaud
parvient à Ankober, capitale du Choa, après un voyage de quatre mois
à travers le désert d'Abyssinie, épuisant et dangereux (la région
est infestée de pillards). Mais le roi Ménélik se trouvant dans le
Harar, où il est en train de guerroyer, Rimbaud doit encore gagner
Entotto, à 120 km de distance, pour monnayer (à des conditions qui se
révèleront désavantageuses) son chargement de fusils.
Juillet
1887. Début d'une brève période de voyages (Aden, Le Caire) et de
repos. Rimbaud publie le récit de son voyage au Choa dans Le
Bosphore égyptien (25 et 27 août 1887).
1888. Verlaine donne en janvier
une étude sur Rimbaud dans la série des Hommes d'aujourd'hui
éditée par Vanier. La revue Le Décadent, souhaitant
sans doute rivaliser avec Lutèce qui a publié Les Poètes
mauditsetLa Vogue qui a publié Les Illuminations,
fait paraître en 1888 une série de cinq faux-Rimbauds. Verlaine
proteste.
Avril 1888. Après une tentative
infructueuse pour monter une nouvelle affaire de vente d'armes dans les
premiers mois de 1888, Rimbaud décide de revenir au négoce
traditionnel. Il ouvre en avril, à son propre compte, une agence
commerciale à Harar. Il établit pour cette nouvelle entreprise un
partenariat avec un riche négociant d'Aden : César Tian. C'est cette
activité qui l'occupera pendant les quelques années qui lui restent à
vivre.
25 février 1890.
Lettre de Rimbaud à sa mère et à sa sœur : "Ne vous étonnez pas que je
n'écrive guère : le principal motif serait que je ne trouve jamais rien
d'intéressant à dire. Car, lorsqu'on est dans des pays comme ceux-ci, on
a plus à demander qu'à dire ! Des déserts peuplés de nègres stupides,
sans routes, sans courriers, sans voyageurs : que voulez-vous qu'on vous
écrive de là ? Qu'on s'ennuie, qu'on s'embête, qu'on s'abrutit ; qu'on
en a assez, mais qu'on ne peut pas en finir, etc., etc. !" |
Photo publiée par Ottorino Rosa,
L'impero del leone di Giuda. Note
sull'Abissinia, Brescia, Lenghi, 1913, p. 145.
La maison à large toit, en
arrière plan de l'image,
serait la demeure habitée par Rimbaud lors de son dernier séjour à Harar (mai 1888-avril 1891).
Cf. en ligne : Jean-Michel Cornu de Lenclos,
"Le
dernier refuge de Rimbaud en Éthiopie. L'emplacement de la maison de Rimbaud
localisé à Harar".
|
|
Derniers
jours (avril-novembre 1891) |
"Et
moi qui justement avais décidé de rentrer en France cet été pour me
marier ! Adieu mariage, adieu famille, adieu avenir ! Ma vie est passée,
je ne suis qu'un tronçon immobile." (lettre d'Arthur à
sa sœur Isabelle, 10 juillet 1891).
Portrait
de Rimbaud mourant
par sa sœur Isabelle.
|
7
avril 1891. Rimbaud, qui souffre depuis des mois d'une tumeur au
genou, se fait transporter en civière de Harar à Zeilah, sur la côte,
où il s'embarque pour Aden. Il est très affaibli par les souffrances et le
manque de sommeil (il a tenu le plus longtemps possible pour mettre en
ordre ses affaires avant son départ). À quoi s'ajoutent les fatigues
du voyage (onze jours pour traverser le désert, plus trois jours de
bateau).
24 avril. Il est soigné une
quinzaine de jours à Aden. Devant la gravité de son état, les
médecins lui suggèrent de regagner la France pour s'y faire
hospitaliser.
20 mai. Il est admis à
l'Hôpital de la Conception, à Marseille. Sa mère est à son chevet le
23 mai. Il est amputé de la jambe droite le 25 mai.
23 juillet. Il quitte l'hôpital
et prend, seul, le train pour Roche, où il n'était pas revenu depuis
dix ans (Madame Rimbaud avait déjà regagné Roche le 9 juin).
23 août. Son état de santé
s'aggravant à nouveau,
Rimbaud repart pour Marseille, accompagné de sa sœur Isabelle. Son
idée fixe est de reprendre le bateau pour rejoindre l'Afrique mais le
cancer, qui se généralise rapidement, l'en empêchera.
9 novembre, cinq heures du soir. À
Paris où le milieu littéraire symboliste et décadent ignore à peu
près totalement où se trouve son héros disparu et ce qu'il fait, un petit
scandale va agiter le cénacle. À la suite d'un conflit entre
l'éditeur (Genonceaux) et l'auteur-préfacier
(Darzens), la police
saisit avant leur diffusion les exemplaires de la première édition des
poésies de Rimbaud, recueil constitué par Rodolphe Darzens sous le
titre
de Reliquaire.
10 novembre, dix heures du matin.
Rimbaud s'éteint à l'Hôpital de la Conception, après plusieurs
semaines de semi-coma. C'est sa sœur Isabelle qui l'a accompagné
pendant cette longue agonie. Ce dénouement ne sera connu à Paris que
le 1er décembre 1891. |
Plan de civière dessiné par Rimbaud.
(Bibliothèque municipale de Charleville)
Vitalie
Rimbaud, mère du poète, vers 1890.
Notice détaillée sur le
site de Sotheby's.
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Isabelle Rimbaud, sœur du poète. |
Arthur Rimbaud le
poète (Accueil)
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