|
|
||
Ligne 44 : | Ligne 44 : | ||
==== Peinture et sculpture du monde industriel ==== |
==== Peinture et sculpture du monde industriel ==== |
||
[[Fichier:La coulée à Ougrée.jpg|vignette|redresse|gauche|''La Coulée à Ougrée'' (vers 1885-1890), [[Liège]], [[musée des Beaux-Arts de Liège|musée des Beaux-Arts]].]] |
[[Fichier:La coulée à Ougrée.jpg|vignette|redresse|gauche|''La Coulée à Ougrée'' (vers 1885-1890), [[Liège]], [[musée des Beaux-Arts de Liège|musée des Beaux-Arts]].]] |
||
Constantin Meunier est profondément marqué par deux visites au sein de régions industrielles belges. En 1878, à [[Herstal]] dans le bassin houiller liégeois, puis en 1880, en compagnie de son ami l’écrivain [[Camille Lemonnier]], dans le [[Borinage]], bassin [[mine (gisement)|minier]] en [[province de Hainaut]]. En cette époque où la Belgique est profondément transformée par l'industrialisation [[Sidérurgie|sidérurgique]] et par l’essor des organisations [[Syndicat professionnel|syndicales]], politiques et coopératives ouvrières, Constantin Meunier s’attache à représenter le monde du travail. Camille Lemonnier lui demande, ainsi qu'à d'autres artistes, comme [[Xavier Mellery]] ou [[Fernand Khnopff]], d'illustrer un ouvrage intitulé ''La Belgique'' édité en 1888, où Constantin Meunier publie dix dessins. représentant les régions qu'il connaît : ''Plate-forme d'un charbonnage'', ''Coin de village borain'', ''Un atelier de femmes à la verrerie du Val-Saint-Lambert'', ''La coulée d'acier aux établissements Cockerill à Seraing'', ou encore ''L'intérieur de l'église Notre-Dame de Pamele<ref>{{Ouvrage |auteur1=Camille Lemonnier |titre=La Belgique |sous-titre=Ouvrage contenant des gravures sur bois et une carte |lieu=Paris |éditeur=Librairie Hachette |année=1888 |pages totales=756 |lire en ligne=https://www.google.be/books/edition/La_Belgique/yrh9x2JBRtAC?hl=fr&gbpv=1 }}.</ref>. |
Constantin Meunier est profondément marqué par deux visites au sein de régions industrielles belges. En 1878, à [[Herstal]] dans le bassin houiller liégeois, puis en 1880, en compagnie de son ami l’écrivain [[Camille Lemonnier]], dans le [[Borinage]], bassin [[mine (gisement)|minier]] en [[province de Hainaut]]. {{citation bloc|Puis le hasard me mène dans le pays noir, le pays industriel. Je suis frappé par cette beauté tragique et farouche. Je sens en moi comme une révélation d’une œuvre de vie à créer. Une immense pitié me prend<ref>{{Ouvrage|auteur1=Constantin Meunier|auteur2=Sura Levine|auteur3=Françoise Urban|titre=Hommage a Constantin Meunier, 1831-1905|éditeur=Exhibitions International|année=1998|pages totales=199|passage=page 9}}.</ref>.}}. |
||
|
|||
En cette époque où la Belgique est profondément transformée par l'industrialisation [[Sidérurgie|sidérurgique]] et par l’essor des organisations [[Syndicat professionnel|syndicales]], politiques et coopératives ouvrières, Constantin Meunier s’attache à représenter le monde du travail. Camille Lemonnier lui demande, ainsi qu'à d'autres artistes, comme [[Xavier Mellery]] ou [[Fernand Khnopff]], d'illustrer un ouvrage intitulé ''La Belgique'' édité en 1888, où Constantin Meunier publie dix dessins. représentant les régions qu'il connaît : ''Plate-forme d'un charbonnage'', ''Coin de village borain'', ''Un atelier de femmes à la verrerie du Val-Saint-Lambert'', ''La coulée d'acier aux établissements Cockerill à Seraing'', ou encore ''L'intérieur de l'église Notre-Dame de Pamele<ref>{{Ouvrage |auteur1=Camille Lemonnier |titre=La Belgique |sous-titre=Ouvrage contenant des gravures sur bois et une carte |lieu=Paris |éditeur=Librairie Hachette |année=1888 |pages totales=756 |lire en ligne=https://www.google.be/books/edition/La_Belgique/yrh9x2JBRtAC?hl=fr&gbpv=1 }}.</ref>. |
|||
{{citation|Puis le hasard me mène dans le pays noir, le pays industriel. Je suis frappé par cette beauté tragique et farouche. Je sens en moi comme une révélation d’une œuvre de vie à créer. Une immense pitié me prend<ref>{{Ouvrage|auteur1=Constantin Meunier|auteur2=Sura Levine|auteur3=Françoise Urban|titre=Hommage a Constantin Meunier, 1831-1905|éditeur=Exhibitions International|année=1998|pages totales=199|passage=page 9}}.</ref>.}}. |
{{citation|Puis le hasard me mène dans le pays noir, le pays industriel. Je suis frappé par cette beauté tragique et farouche. Je sens en moi comme une révélation d’une œuvre de vie à créer. Une immense pitié me prend<ref>{{Ouvrage|auteur1=Constantin Meunier|auteur2=Sura Levine|auteur3=Françoise Urban|titre=Hommage a Constantin Meunier, 1831-1905|éditeur=Exhibitions International|année=1998|pages totales=199|passage=page 9}}.</ref>.}}. |
Pour les articles homonymes, voir Meunier.
Constantin Meunier
Naissance | |
---|---|
Décès |
(à 73 ans) |
Sépulture | |
Nom de naissance | Constantin Émile Meunier |
Pseudonymes | |
Nationalité | |
Activité | |
Formation | |
Maître | François-Joseph Navez, Louis Jehotte, Charles-Auguste Fraikin |
Mouvement | |
Influencé par | |
Fratrie | Jean-Baptiste Meunier (d) |
Enfant | Karl Meunier (d) |
Parentèle |
Georgette Meunier (nièce) |
Site web |
Le Puddleur au repos, Le Grisou, Monument au Travail |
modifier - modifier le code - modifier Wikidata
Constantin Meunier, né à Etterbeek (Bruxelles) le et mort à Ixelles (Bruxelles) le , est un peintreetsculpteur réaliste belge, réputé pour sa vision du monde ouvrier.
Il est le père du peintre et graveur Charles Meunier (1864–1894), le frère du graveur et dessinateur Jean-Baptiste Meunier (1821-1900), ainsi que l'oncle de l'affichiste Henri Meunier (1873–1922). Il est le beau-frère d'Auguste Danse, graveur.
Constantin Émile Meunier, né à Etterbeekle, est le second fils et le quatrième des cinq enfants de Simon Louis Meunier (1789-1835), percepteur des contributions et de Marie Catherine - dite Charlotte - Tilmont (1789-1868). Tandis que Constantin n'a que quatre ans, son père se donne la mort. Sa veuve, sans ressources, s'installe avec les siens au Petit Sablon, où dans un immeuble qu'elle possède, elle ouvre un magasin de modes et loue des chambres à des artistes, dont le peintre Théodore Fourmois et surtout le graveur italien Luigi Calamatta qui conseille artistiquement Constantin, attiré par de dessin. En effet, il suit de bonne heure les cours de dessin dispensés par son frère Jean-Baptiste Meunier, de dix ans son aîné[1].
Après son entrée à l'athénée, il s'avère que Constantin Meunier préfère les arts aux études générales. En , à l'instar de son frère Jean-Baptiste qui y avait suivi des cours de gravure, il commence ses études à l'Académie royale des beaux-arts de Bruxelles, où, à partir de 1848, il suit les cours du sculpteur néo-classique Louis Jehotte[2]. Il expose pour la première fois au Salon de Bruxelles de 1851 une esquisse en plâtre intitulée La Guirlande[3]. Il fréquente également, dès 1852, l'atelier privé de Charles-Auguste Fraikin. En dernière année d'études, il découvre la peinture et devient l'élève de François-Joseph Navez[2]. En outre, il visite souvent l'atelier libre de Saint-Luc, où il rencontre un certain nombre de jeunes artistes rejetant l'éducation académique très développée et son enrégimentement et recherchant une voie artistique indépendante, comme Charles de Groux, pionnier de la peinture réaliste, avec qui Constant Meunier devient ami[4]. En 1854, après neuf années passées à l'Académie, Constant Meunier quitte l'institution et poursuit son parcours en s'investissant, sur les conseils de Charles de Groux, dans la peinture[5].
AuSalon de Bruxelles de 1857, Constantin Meunier expose Les Sœurs de charité[6]. En 1859, lors d'un séjour dans un monastère trappistedeWestmalle, il bénéficie de commandes d'œuvres qui lui permettent de gagner sa vie[4]. Il est donc d’abord peintre de scènes historiques et religieuses, telles que Salle de l'hôpital Saint-Roch (1857), ou Funérailles d'un Trappiste qu'il expose au Salon de Bruxelles de 1860, et où ses figures de moines sont jugées d'un bon caractère, peintes avec sentiment, mais d'un ton un peu lourd[7]. Au Salon de Bruxelles de 1863, en collaboration avec Alfred Verwée, il présente des Trappistes laboureurs[8].
En 1868, Constantin Meunier rejoint, dès sa fondation, la Société libre des beaux-arts créée par des artistes en réaction à l'académisme et favorable l'avancée réaliste dans la peinture[4]. En 1869, il devient membre de la Société internationale des aquafortistes fondée à Bruxelles par Félicien Rops. Après la mort de Charles de Groux, advenue en 1870, Constantin Meunier se consacre de nouveau à la peinture d'histoire, aux portraits et même à quelques scènes de genre[9].
Constantin Meunier est profondément marqué par deux visites au sein de régions industrielles belges. En 1878, à Herstal dans le bassin houiller liégeois, puis en 1880, en compagnie de son ami l’écrivain Camille Lemonnier, dans le Borinage, bassin minierenprovince de Hainaut.
« Puis le hasard me mène dans le pays noir, le pays industriel. Je suis frappé par cette beauté tragique et farouche. Je sens en moi comme une révélation d’une œuvre de vie à créer. Une immense pitié me prend[10]. »
.
En cette époque où la Belgique est profondément transformée par l'industrialisation sidérurgique et par l’essor des organisations syndicales, politiques et coopératives ouvrières, Constantin Meunier s’attache à représenter le monde du travail. Camille Lemonnier lui demande, ainsi qu'à d'autres artistes, comme Xavier MelleryouFernand Khnopff, d'illustrer un ouvrage intitulé La Belgique édité en 1888, où Constantin Meunier publie dix dessins. représentant les régions qu'il connaît : Plate-forme d'un charbonnage, Coin de village borain, Un atelier de femmes à la verrerie du Val-Saint-Lambert, La coulée d'acier aux établissements Cockerill à Seraing, ou encore L'intérieur de l'église Notre-Dame de Pamele[11].
« Puis le hasard me mène dans le pays noir, le pays industriel. Je suis frappé par cette beauté tragique et farouche. Je sens en moi comme une révélation d’une œuvre de vie à créer. Une immense pitié me prend[12]. ».
Il devient l'un des maîtres d’un art réaliste et social. Il contribue à donner un visage à l’ouvrier et participe à la description des nouvelles réalités engendrées par l'essor industriel. Il s'en fait l’interprète au travers de sa peinture sombre et dramatique, puis — à partir du milieu des années 1880 — de ses bronzes aux traits anguleux.
C'est au retour d'un séjour de six mois en Espagne, d' à en compagnie de son fils Charles, Théo van RysselbergheetDarío de Regoyos[13], que la sculpture occupe une place de plus en plus grande dans son œuvre. Envoyé à Séville par le gouvernement belge pour y réaliser une copie d'une Descente de croixdePedro de Campaña (1503–1580), il en ramène aussi quelques toiles plus personnelles dont La Fabrique de tabacs à Séville (musées royaux des Beaux-Arts de Belgique). Mais paradoxalement, l'Andalousie brûlée de soleil semble l'avoir plus que tout confirmé dans son profond désir de consacrer son art au travail ouvrier et à son emprise sur la matière — ce que la sculpture exprime parfaitement.
Une lettre de Vincent van Gogh à son frère Théo écrite en 1889 à Saint-Rémy-de-Provence parle de lui d'une manière extrêmement flatteuse : « Cher Théo, Dans toutes ses œuvres, Meunier est de loin supérieur à moi. À Bruxelles, j'ai vu ses peintures à une exposition. En fait, il est le seul de tous les artistes belges à m'avoir fortement touché. Il a peint les métallos du Borinage et leur cortège en route pour la mine ou les usines. Ses œuvres se distinguent nettement, tant par la couleur que par le traitement. Il a peint toutes ces choses que j'ai toujours rêvé de pouvoir réaliser… »[14].
1894 fut pour Constantin Meunier une année éprouvante : il perd successivement ses deux fils. Au début de l'année, Georges, aspirant de marine à bord d'un steamer anglais meurt de la fièvre jaune en rade de Rio de Janeiro à l'âge de 25 ans. Le , Charles, peintre et aquafortiste, meurt à Louvain des suites d'une phtisie pulmonaire, s'étant volontairement mis à l'eau pour sauver les dessins de son père pris dans une inondation[N 1].
En 1899, il est élu membre de la Classe des beaux-arts de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique. Il était membre correspondant de l'Institut de France et des Académie de Berlin, de Dresde et de Munich[15].
Durant les dernières années de sa vie, il exécute les sculptures destinées au Monument au Travail. Projet qui ne sera érigé à Laeken qu'après sa mort.
Auguste Rodin dit de lui : « Constantin Meunier est un homme admirable. Il a la grandeur de Millet. C'est un des plus grands artistes du siècle[16]. » Meunier est d'ailleurs membre de l'International Society of Sculptors, Painters and Gravers que dirige Rodin[17].
Un fonds de ses œuvres est conservé à Ixellesaumusée Constantin-Meunier aménagé dans l’atelier de l’artiste. Ses bronzes ornent des places et les parcs de Belgique et d'Europe.
Franc-maçon, il fut membre de la loge Les Amis philanthropesduGrand Orient de Belgique.
Il est inhumé à Bruxelles au cimetière d'Ixelles.
Sur les autres projets Wikimedia :