L'Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain (ADMP) est une association française (loi de ) créée en , quelques semaines après la mort de Philippe Pétain.
L'ADMP succède à un « comité d'honneur » pour la libération de Philippe Pétain, fondé au printemps , le [1] ou le [2], à l'initiative de ses avocats[3]. Il est présidé par Louis Madelin, membre de l'Académie française. Le général Héring, futur président-fondateur de l'ADMP, est son secrétaire général[4]. Donnant lieu à des protestations d'anciens résistants, notamment un meeting le à la salle Wagram[5] sous la présidence de Rémy Roure[6], il est rapidement interdit.
Au reste Pétain n'en avait pas accepté la constitution car il ne pouvait « accepter que sa mise en liberté soit envisagée ou demandée tant que demeuraient en prison ceux qui n'étaient coupables que d'avoir obéi à ses ordres »[7],[8].
Quelques jours après, le , le député socialiste Daniel Mayer dépose une proposition de résolution« tendant à inviter le Gouvernement à faire rechercher si “l'association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain” ne poursuit pas un objet illicite contraire aux lois et à la justice, ce qui justifierait sa dissolution »[11],[16], résolution qui ne sera finalement pas retenue.
L'ADMP est condamnée en par la Cour de cassation pour « apologie de crime de guerre » pour une publicité qu'elle a fait paraître dans Le Mondedu[19]. Après une longue bataille judiciaire, l'association obtiendra gain de cause (sans obtenir cependant un franc symbolique à titre de dommages-intérêts) devant la Cour européenne des droits de l'hommele, celle-ci estimant (par l'arrêt LehideuxetIsorni contre France[20]) qu'il y avait eu violation de l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme, relatif à la liberté d'expression. L'opinion majoritaire chez les juges fut qu'il devait être possible de présenter un personnage, quel qu'il soit, sous un jour favorable et de promouvoir sa réhabilitation — au besoin en passant sous silence les faits qui peuvent lui être reprochés — et que la condamnation pénale subie en France par les requérants était disproportionnée[21].
L'ADMP sort en d'une longue crise au sein de ses instances dirigeantes[22].
L'article trois de ses statuts précise les buts de l'ADMP, en résumé :
« poursuivre, par la recherche et la publication de tous documents, l’étude objective de la vie et de l'œuvre du maréchal Pétain, exercer toutes activités en vue de défendre sa mémoire et remettre en honneur les valeurs intellectuelles, morales et spirituelles qu’il a rappelées. L'association participe ainsi à la recherche et à l'établissement de la vérité sur l'Histoire contemporaine, dans le souci de contribuer à l'intérêt général de la nation. »
À l'origine les dirigeants et les membres de l'association peuvent être divisés en deux groupes de taille inégales : les anti-gaullistes, menés par Jacques Isorni, un des avocats de Pétain, qui ne pardonnent pas l'épuration et la politique algériennedugénéral de Gaulle, et quelques « pétaino-gaullistes », comme le colonel Rémy[23].
L'ADMP s'est aussi exprimée sur les questions d'actualité, sur l'Indochine et l'Algérie française, et sur le pouvoir gaullien après [24].
L'association fait paraitre un petit bulletin trimestriel de à [25]. L'organe principal de l'association devient en la revue mensuelle Le Maréchal[26], publiée à Marseille à partir de . À cette publication s'ajoute brièvement, en , La Voix du Maréchal[27].
L'ADMP affirme n'avoir « jamais eu et ne saurait avoir des relations avec les associations développant des thèses à caractère xénophobe ou faisant l'apologie de la milice. » Elle prend régulièrement ses distances avec le mouvement ultranationaliste Jeune Nation, ou l'hebdomadaire maurassien Rivarol. L'association dénonce aussi « l'usurpateur [Hubert] Massol » quand il s'affiche avec ces mouvements et revendique son appartenance à l'association. Ce dernier a présidé l'ADMP de 2009 à 2020[28].
L'ADMP est copropriétaire depuis environ de l'appartement de l'hôtel du ParcdeVichy occupé par Pétain de à [37], ce qui donna lieu à une manifestation de protestation d'anciens résistants, menés par des députés gaullistesetcommunistes[38].
L'ADMP possède aussi sa maison de naissance à Cauchy-à-la-Tour (Pas-de-Calais), ayant pour objectif d'entretenir les lieux historiques où vécut Pétain et possiblement d'en faire des musées privés[39].
Chaque année, des anniversaires rythment l'activité de l'association et sont l'occasion de rassemblements :
le, anniversaire de la naissance de Pétain, réunion dans la maison natale à Cauchy-à-la-Tour[40] ;
le, date de la mort de Pétain, pèlerinage sur sa sépulture à l'île d'Yeu[41],[42] ;
le, veille de l'Armistice de , en raison du rôle de Pétain dans la bataille de Verdun (fêtée la veille pour permettre aux participants d'assister aux cérémonies officielles)[41].
↑« « Français, vous avez la mémoire courte ! » : Un comité s'est constitué pour la libération de Pétain », Combat, no 1173, , p. 5(lire en ligne) (membres du comité).
↑ abetcFiammetta Venner, Extrême France : Les mouvements frontistes, nationaux-radicaux, royalistes, catholiques traditionalistes et provie (thèse de doctorat en science politique, IEP de Paris, ), Paris, Grasset, , 518 p. (ISBN978-2-246-66601-1), p. 86.
↑Patrice Rolland (professeur à l'université de Paris-XII), « Liberté d'expression et apologie de la collaboration : Affaire Lehideux et Isorni () », Cahiers du CREDHO, Centre de recherches et d'études sur les droits de l'homme et le droit humanitaire (CREDHO), Faculté Jean-Monnet, Université Paris-Sud, no 5 « La France et la Cour européenne des droits de l'homme : La jurisprudence de (présentation, commentaires et débats) », , p. 101–118 (HALhalshs-00097790, lire en ligne).
↑« Le nouveau Maréchal », Le maréchal, organe de l'ADMP, no 266, , p. 3.
↑Rousso 1990, p. 59 donne la liste jusqu'à Lehideux. Cotillon 2003 donne la liste jusqu'à Le Groignec.
↑Jean-Paul Gautier, Les extrêmes droites en France : De la traversée du désert à l'ascension du Front national, de à nos jours, Paris, Syllepse, coll. « Mauvais temps », , 2e éd., 495 p. (ISBN978-2-84950-547-2).
Henry Rousso, « À contre-courant, l'Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain », dans Alfred Wahl (dir.), Mémoire de la Seconde Guerre mondiale (actes du colloque de Metz, – , organisé par le Centre de recherche histoire et civilisation de l'Europe occidentale de l'Université de Metz), Metz, Centre de recherche histoire et civilisation de l'Europe occidentale (no16), , 301 p. (ISBN2-85730-016-6), p. 111–123.