Il est considéré comme l'un des principaux représentants de l'ultramontanisme français.
Biographie
Enfance
Fils de Thomas Gousset et de Marguerité Bournon, il est le neuvième enfant d'une famille de douze. Il est fils de laboureur, a commencé par travailler dans les champs, et n'a entrepris ses études qu'à dix-sept ans au petit séminaire d'Amance[1].
Il réédite les Conférences d'Angers (26 vol., ), les discours accompagnés des notes, puis le Dictionnaire théologiquedeNicolas-Sylvestre Bergier () dont il publie une autre édition en . De ces années de professorat date sa claire exposition de la Doctrine de l'Église sur le prêt à intérêt (), Le Code civil commenté dans ses rapports avec la théologie morale (), et Justification de la théologie du P. Liguori ()[2].
Appelé au poste de vicaire généraldeBesançon par le cardinal de Rohan, il accomplit ces responsabilités de à . Épuisé par le travail, ses médecins lui prescrivent le repos absolu ; il utilise cette oisiveté forcée pour effectuer son premier voyage à Rome.
Le, il est transféré à l'archidiocèse de Reims par Grégoire XVI ; ses responsabilités épiscopales ne l'empêchent pas d'achever d'importants travaux théologiques. En paraît en français sa Théologie morale à l'usage des curés et des confesseurs, rééditée à plusieurs reprises. Son traité de théologie dogmatique (2 vol., ) n'a pas moins de succès. Il fait construire pour les ouvriers, sur ses propres deniers, l'église Saint-Thomas de Reims, où il sera inhumé. Il fait don à sa paroisse natale d'un autel orné de statues et de bas-reliefs admirables. Il crée dans le Musée rémois installé dans le palais archiépiscopal une bibliothèque de vingt mille volumes, qui sera détruite par les bombardements allemands de 1914[3]. Il appuiera les oeuvres de bienfaisance publique telles que l'Œuvre de l'Asile des Orphelins de Bethléem, de Saint-Vincent de Paul, et de la Miséricorde.
Le , il consacre l'église de Rimogne.
Ses derniers travaux sont Exposition des principes de droit canonique (), Du droit de l'Église touchant la possession des biens destinés au culte et la souveraineté temporelle du Pape (). C'est sur ce thème que l'historien musicologue Jean Gourret écrira sa thèse de doctorat en droit à l'université de Parisen.
C'est un des premiers à rétablir la liturgie romaine et à seconder le mouvement intellectuel et moral qui rapproche le clergé et les fidèles.
Les dignités ne changent rien à la simplicité de ses manières. Il est immortalisé par Balzac sous le personnage de l'abbé de Grancey dans le roman Albert Savarus.
Sa devise : « L'homme recueille ce qu'il a semé » ; ses armoiries renferment la gerbe de blé.
En souvenir, une rue porte son nom à Reims et à Lure, ainsi qu'une école à Reims.
L'orant de Thomas Gousset visible en l'église Saint-Thomas de Reims.
L'enseignement et les publications théologiques de l'abbé Gousset occupent une place importante dans l'évolution des mentalités catholiques françaises, aussi bien par son enseignement au grand séminaire de Besançon, que par ses publications en matière de théologie[7]. Il est influencé par Lammenais et devient spécialiste de saint Alphonse de Liguori (-), canonisé en , dont il participe à la pénétration en France de sa Théologie morale[8]. Il partage les idées de Jean-Joseph Gaume[9]. Hostile à toute forme de jansénisme et de gallicanisme[7], il se montre l'infatigable défenseur de l'ultramontanisme dont il est un des principaux représentants au sein du haut clergé français[7].
Théologie morale à l'usage des curés et des confesseurs, Lyon : Périsse frères, , 2 vol. in-8 ; réédition à Paris, Jacques Lecoffre, .
La croyance générale et constante de l'église touchant l'Immaculée Conception de la bienheureuse Vierge Marie, Paris : Jacques Lecoffre & Cie, Lire en ligne.
Exposition des principes du droit canonique, Paris, .
Iconographie
Une médaille non datée à l'effigie du cardinal Gousset a été exécutée par le graveur Jean-Pierre Montagny après l'accession de ce prélat à la pourpre. Un exemplaire en est conservé au musée Carnavalet (ND267bis)[10].
↑ abetcGaston Bordet, « Jalons pour une étude de l'ultramontanisme. Religieuses et prêtres franc-comtois à Rome au XIXe siècle (1789-1870) », Publications de l'École Française de Rome, vol. 52, no 1, , p. 801-807 (lire en ligne, consulté le )
↑Antoine Wenger, « La querelle des ultramontains et des gallicans à Rome à propos du Ver rongeur de Monsieur Gaume (-) », dans Les fondations nationales dans la Rome pontificale. Actes du colloque de Rome (16-19 mai 1978), Rome, École Française de Rome, , p. 821-849 (Publications de l'École française de Rome, 52) Lire en ligne
Michel Vernus et Max Roche, « Gousset Thomas Marie-Joseph (1792-1866) », dans Dictionnaire biographique du département du Doubs, Arts et littérature, , p. 220-221.
Jean Guerber, Le ralliement du clergé français à la morale liguorienne. L'abbé Gousset et ses précurseurs, 1785-1832, Rome, coll. « Analecta Gregoriana », ; compte-rendu par Bernard Plongeron, dans Revue d'histoire de l'Église de France, vol. 60, n° 165, 1974, p. 357-359 Lire en ligne.
P. Godet, « Gousset Thomas », dans Dictionnaire de théologie catholique, Paris, Letouzey et Ané, , tome 6, 1525-1528.
Chanoine Gousset, Le cardinal Gousset. Sa vie, ses œuvres, son influence, Besançon, Bossanne, 1903. Compte-rendu Ph. Sagnac, « Le chanoine Gousset. Le cardinal Gousset. Sa vie, ses œuvres, son influence, 1903 », Revue d'histoire moderne et contemporaine, tome 5, n° 9, 1903, p. 652-655 Lire en ligne.
Justin Fèvre, Histoire de S. E. Mgr le cardinal Gousset, archevêque de Reims,, Paris, V. Lecoffre, 1882.
Joseph-Armand Gignoux, Discours prononcé par Mgr l'évêque de Beauvais, Noyon et Senlis, aux obsèques de Son Eminence Monseigneur le Cardinal Thomas Gousset, archevêque de Reims, le , Reims, P. Dubois et Cie, 1867 Lire en ligne sur Gallica.