D'origine arménienne[1], Alice Sapritch passe son enfance à Istanbul. La famille Sapriç (graphie originale du nom) connaît de gros problèmes financiers dus aux dettes de jeu de son père, professeur de français à Istanbul. Elle qualifie son enfance de malheureuse[2] et dira : « Je n'aime pas l'enfant que j'ai été. Mon enfance n'a rien à voir avec la femme que je suis devenue. Je n'accepte pas de m'en souvenir[3]. » À 6 ans, elle quitte la Turquie pour aller vivre chez sa grand-mère à Bruxelles avant de gagner seule, à l'âge de 16 ans, Paris où elle est modèle pour peintres, notamment pour Charles Despiau[3]. Elle entre au Cours Simon, puis, en 1939, au Conservatoire national supérieur d'art dramatique[4], dans la classe de Madame Dussane[5], où elle reçoit en 1941 un second accessit de tragédie au concours[6]. Son premier rôle sera celui de la reine Gertrude dans HamletdeShakespeare. Elle montre une certaine aisance dans des pièces en costumes.
En 1959, André Frank, responsable des émissions dramatiques à la télévision, lui suggère de faire de la télévision. Commence alors une carrière à la télévision qui lui apportera le succès et la notoriété et lui fera dire : « Ma vie ne commence qu'avec la télévision[3]. » Elle joue ainsi dans de nombreuses adaptations : Tous ceux qui tombent, Mathilde, La Cousine Bette, d'après Balzac, Destins, d'après Mauriac (1965), La Bonifas, d'après Jacques de Lacretelle (1968), Le Chevalier des Touches, d'après Jules Barbey d'Aurevilly (1966), Le Curé de village, d'après Balzac (1968), Vipère au poing, d'après Hervé Bazin.
Elle abandonne ce style de comédies « à la française » à la fin des années 1970 (sauf pour Adam et Ève en 1984) et redore un peu son blason à la fin de sa carrière grâce à son retour à des rôles dramatiques au cinéma, comme dans Les Sœurs Brontë d'André Téchiné (1979), ou à la télévision avec L'Affaire Marie Besnarden1986, pour lequel elle reçoit un 7 d'or.
Son dernier rôle sera celui de l'héroïne éponyme du téléfilm en deux parties Catherine de Médicis, d'Yves-André Hubert, diffusé en 1989.
Elle enregistre un album en 1975 (réédité en 2003) et sort un 45 tours en 1986 : Slowez-moi. Elle écrit également plusieurs ouvrages autobiographiques (Alice, Mes dîners en ville, Femme-public : ma véritéetMémoires inachevés) et un roman (Un amour menacé en 1973).
Claude Véga l'imite avec talent. Thierry Le Luron l'imite également beaucoup, ce qu'elle prend assez mal au début[12]. Dans les années 1980, elle participe régulièrement à l'émission des Grosses Têtes, où elle est la cible récurrente des moqueries de ses camarades sur son âge, et où elle lâche son lancinant et sensuel : « T'occupe ! » Elle fait aussi preuve d'autodérision (« Avant, j'étais moche ») en tournant des spots publicitaires pour les produits d'entretien Jex Four, en 1983[13],[14].
Alice Sapritch compte parmi ses plus fidèles amis Jean-Louis Bory, auquel elle rend visite presque chaque dimanche alors qu'il se trouve en maison de repos à Montmorency, après la grave dépression qui le conduira à son suicide[réf. nécessaire].
Elle est également très proche de la communauté arménienne et participe à de nombreux rassemblements aux côtés de la diaspora.
1989 : Catherine de Médicis d'Yves-André Hubert, téléfilm en deux parties : Le Tocsin de la Saint-Barthélemy : 1568-1572 ; et Le Rendez-vous de Blois : 1584-1588
Alice Sapritch, Mémoires inachevés : entretien Raoul Mille ; suivi de Abécédaire, Paris, Ramsay/J.-J. Pauvert, , 271 p. (ISBN978-2-85956-827-6, OCLC231234856).
Alice Sapritch, Femme-public : ma vérité, Paris, Plon, , 212 p. (ISBN2-266-02107-9).
↑Almanach de la télévision 1972 de Télé 7 jours, p. 12, portrait d'Alice Sapritch par Patrick Lefort : "La famille est d'origine arménienne, mais à la maison on ne parle que le français."
↑ abetcAlmanach de la télévision 1972 de Télé 7 jours, p. 12, portrait d'Alice Sapritch par Patrick Lefort
↑Le Petit Journal, 22 novembre 1939, p. 4 : "Les admissions aux classes dramatiques du Conservatoire"
↑Almanach de la télévision 1972 de Télé 7 jours, p. 12, portrait d'Alice Sapritch par Patrick Lefort : "J"étais la dernière de la classe, avoue-t-elle. Dussane me snobait, me prenait pour un cancre. Je ne sais pas si ça tient à mes origines arméniennes, mais cet enseignement classique à la française ne me satisfaisait pas, me laissait sur ma faim."
↑Paris-Soir, 8 juillet 1941, p. 2 : "Les Concours du Conservatoire"
↑L'Écho républicain de la Beauce et du Perche, 12 décembre 1971 : "L'actrice Alice Sapritch est venue hier au palais de justice de Paris, à l'occasion de sa demande en divorce. Elle s'est trouvée seule devant M. Regnault, vice-président du tribunal, qui l'a reçue dans son cabinet où il l'avait convoquée en vue d'une tentative de conciliation. Son mari, le journaliste écrivain Guillaume Hanoteau, ne s'est pas présenté. Le magistrat a constaté la non-conciliation."
↑Il s'agit d'un film devenu culte grâce au strip-tease que l'actrice exécute à la fin du film.