Bohuslav Martinů est un compositeurtchécoslovaque, naturalisé américain, né le à Polička (royaume de Bohême), mort le à Liestal (Suisse). Marqué à ses débuts par la musique française, celle de Maurice Ravel, Albert Roussel, Paul Dukas et surtout Claude Debussy, il reste toute sa vie enraciné dans la culture et le folklore tchèques tout en revendiquant l'héritage du madrigal anglais et du concerto grosso baroque. Il a composé une œuvre considérable avec plus de quatre cents numéros d'opus, dont un corpus imposant de pièces orchestrales, et largement méconnue en France. Sa profonde originalité et sa perfection d'écriture, dont témoignent son Double concerto pour cordes, son Concerto da camera et son Nonnette, inscrivent Martinů dans la grande tradition de la musique tchèque aux côtés de Dvořák, JanáčeketSmetana.
Son père est le sonneur de cloches de la ville de Polička. Dès sa plus tendre enfance, il manifeste des dons pour la musique et apprend ensuite le violon chez J. Cernovsky, devenant même un prodige de cet instrument. Jeune, il entre au Conservatoire de Prague dans la classe de violon, mais finit par être renvoyé au bout de deux ans ; il s'y réinscrit dans la classe d'orgue, mais une deuxième fois il est renvoyé car il provoque un grave accident.
Ses premières compositions, en particulier pour le piano et datant de cette période (1910-1915), reflètent déjà les ambitions du compositeur par une grande richesse d'invention.
Tour de l'église de Polička où Bohuslav Martinů est né
Il poursuit donc son chemin en autodidacte. En 1920, il est engagé comme second violon à l'Orchestre philharmonique tchèque (nouvellement créé en 1918) ; c'est là qu'il fait la connaissance du chef d'orchestre Václav Talich. Sa rencontre avec le compositeur et violoniste Josef Suk le marque à jamais. Après l'indépendance de l'État tchécoslovaque, Martinů a enfin l'occasion de partir à l'étranger. Il s'établit à Paris en 1923. Là, il devient le disciple d'Albert Roussel, et croise Arthur Honegger ; l'un et l'autre jouent un grand rôle dans son existence et sa musique.
Dans les années 1920-1930, il compose beaucoup pour le piano et la voix (des cycles de petites pièces, très souvent empruntées au folklore tchèque). Ses premiers grands succès datent du milieu des années 1930, avec notamment les Inventions pour piano et orchestre, commande du Festival de Venise (1934), Kytice (Le bouquet de fleurs, 1938) et, surtout, son premier opéra, Juliette ou la clé des songes (1938), créé au Théâtre National de Prague par Václav Talich. Il compose aussi en septembre 1935 pour la claveciniste Marcelle de Lacour son Concerto pour clavecin et petit orchestre, qu'elle joue pour la première fois en janvier 1936 à Paris.
À la fin de la guerre, il souhaite revenir en Tchécoslovaquie, mais par deux fois, il est contraint d'y renoncer. Il ne peut plus jamais retrouver son pays natal. Il ne revient pas non plus aux États-Unis (seulement quelques brefs séjours en 1955-1957), mais se fixe en France, à Nice, à Paris ainsi qu'à Vieux-Moulin, dans l'Oise, où une maison porte une plaque commémorative, ou encore en Suisse, à Schönenberg. Sa Sixième Symphonie, écrite de 1953 à 1955, est dédiée à Charles Munch. En 1955, il dédie à Pierre Fournier la révision de son Premier Concerto pour violoncelle.
Il meurt d'un cancer le à Liestal, près de Bâle, en Suisse. Sa femme Charlotte est morte en 1978.
Les autorités de la République socialiste tchécoslovaque ont transféré et inhumé la dépouille de Martinů en 1979 à Polička, sa ville natale, avec l'accord et en présence de la veuve du défunt, contrairement aux dernières volontés de celui-ci. À cette occasion et dans le cadre du Printemps de Prague, le théâtre de Pilsen a présenté l'opéra de Martinů, Juliette ou la clé des songes.
Harry Halbreich a publié en 1968 le catalogue chronologique de son œuvre comportant 387 numéros. On retrouve souvent la numérotation de cet auteur en guise d'opus.