Elle est la première actrice d'origine française à avoir reçu l'Oscar de la meilleure actriceen1935 et la première actrice à avoir été nommée trois fois.
Lorsqu'elle est âgée de 3 ans en 1906, Émilie Chauchoin suit ses parents qui émigrent à New York aux États-Unis[11],[12] en compagnie de sa grand-mère maternelle, Marie Augustine Le Goupillot[8],[b], qui sera très proche de sa petite-fille jusqu'à ce que celle-ci quitte New York pour Hollywood[13],[14]. La jeune fille poursuit ses études dans les écoles de New York, notamment à la Washington Irving School(en) où elle étudie le stylisme et les beaux-arts en vue d'une carrière de styliste[15]. Elle s'inscrit également à la ligue des étudiants d'art dramatique de son collège, tout en travaillant dans un magasin de mode. Elle donne parallèlement des leçons de français[16].
Elle est couramment appelée « Lily » (diminutif d'Émilie qu'elle n'aime pas)[17] mais choisit de se faire appeler en lieu et place « Claudette » (qui est de fait une féminisation du deuxième prénom de son père) à partir ses 15 ans[17],[15].
Elle débute au théâtre en amateur par de la figuration. En 1923, un élève lui présente l'auteur de théâtre Anne Morrison qui la fait auditionner pour sa pièce. C'est ainsi qu'elle fait ses débuts à Broadway[18] en 1924 dans la pièce The Wild Wescotts[19]. En dépit du faible succès de la pièce, elle prend goût à ce nouveau métier et décide d'abandonner ses études de styliste[15].
Elle joue dans une dizaine de spectacles jusqu’en 1929, interprétant essentiellement des ingénues[20]. Elle atteint la célébrité théâtrale dans The Barker (1927, adapté au cinéma l'année suivante[c]), jouant une danseuse charmeuse de serpent face à un aboyeur(en) campé par Norman Foster, acteur et futur réalisateur à qui elle est mariée de 1928 à 1934[15].
Ayant adopté le nom de scène de « Claudette Colbert » (Colbert est le nom de jeune fille d'une de ses arrière-grands-mères[17],[15]), elle est remarquée par le réalisateur Frank Capra, avec qui elle tourne son premier rôle au cinéma dans Pour l'amour de Mike (For the Love of Mike) en 1927[21], qui est un désastre pour elle et le box-office[22]. Déçue, elle ne retourne au cinéma qu’à l’avènement du parlant[21].
Puis la Paramount Pictures la remarque à son tour et lui fait signer un contrat de sept ans[20]. Dès lors Claudette Colbert tourne énormément. En 1928, elle épouse un acteur de théâtre, Norman Foster, qui devient plus tard réalisateur. Après avoir été partenaires dans une pièce, Tin Pan Alley[19], ils tournent ensemble dans Young Man of Manhattan. Sa faculté d’être parfaitement bilingue la désigne pour tourner plusieurs films en deux versions simultanées, américaine et française[20]. L'anglais étant devenu sa langue quotidienne, son français est teinté d'un léger accent américain. Elle rencontre le premier Français de Hollywood, Maurice Chevalier, dans La Grande Mare (The Big Pond) et le retrouve un an plus tard dans une comédie musicale réalisée par Ernst Lubitsch, Le Lieutenant souriant. Dans un autre film musical, Chanteuse de cabaret, elle interprète elle-même plusieurs chansons[23].
Son premier grand succès est tourné en 1932 avec Cecil B. DeMille : Le Signe de la croix. Elle y est très remarquée pour sa beauté et sa sensuelle silhouette s'introduisant dans un bain de lait d’ânesse, une scène qui déjoue habilement les interdits du code de censure Hays. Fort de ce succès, DeMille la choisit à nouveau deux ans plus tard pour incarner la fatale reine Cléopâtre. Les tenues minimalistes que le réalisateur fait porter à l'actrice entoureront le film d'un parfum de scandale.
La star s'impose autant comme actrice de mélodrame que de comédie, avec Images de la vie (1934) de John Stahl[24], ou Depuis ton départdeJohn Cromwell (1944). Elle s'expose aussi au scandale dans ZazadeGeorge Cukor en 1939. La même année, elle se rachète une conduite face à Henry Fonda dans le film historique Sur la piste des MohawksdeJohn Ford, l'un des plus grands succès commerciaux de l'année 1939. C’est aussi son premier film en couleur ; cependant, toujours très préoccupée par son apparence à l'écran, elle n’aime pas ce nouveau procédé qu'est le Technicolor de crainte qu'il ne la rende moins photogénique. C'est pourquoi elle préférera toujours être filmée en noir et blanc[25]. L'actrice est d'ailleurs connue pour ne jamais montrer son profil droit à l'écran et sur les photos, le jugeant moins esthétique que son autre profil[26].
À la fin de la décennie, Claudette Colbert a définitivement abandonné son image de femme sensuelle de ses débuts pour endosser celle de femme plus sage et rangée.
Claudette Colbert confirme son statut de reine de la comédie. Au faîte de sa gloire, elle joue plusieurs scénarios de Billy Wilder dans Madame et ses flirtsdePreston Sturges (1942). Avec Fred MacMurray, elle formera un couple populaire dans les sept comédies qu'ils tourneront ensemble (1935 à 1949).
Quand les États-Unis entrent en guerre, elle participe, avec d’autres stars du cinéma, au Hollywood Victory Caravan(en), une tournée en train de deux semaines à travers les États-Unis, destinée à récolter des fonds pour le soutien à l'effort de guerre.
Claudette Colbert a 59 ans quand elle annonce sa retraite en 1962, date à partir de laquelle elle va partager son temps entre son appartement de New York et une ancienne maison de plantation à Speightstown, à la Barbade, où elle invite de célèbres amis tels que Frank SinatraetRonald Reagan. En 1987, elle revient à la télévision pour un téléfilm, The Two Mrs. Grenvilles avec Ann-Margret.
Mariée à deux reprises, en 1928 et 1935, Claudette Colbert n'a pas eu d'enfant. Elle a divorcé de l'acteur Norman Foster en 1934[15], et a épousé l'année suivante en secondes noces le chirurgien Joël Pressman, mort en 1968.
Claudette Colbert fait partie des très rares artistes français honorés par une étoile sur le Hollywood Walk of Fame (trottoir des célébrités de Hollywood) à Los Angeles.
↑Certaines sources indiquent, de manière erronée, son surnom de « Lily » comme étant son véritable prénom.
↑Veuve depuis 1896, Marie Augustine Le Goupillot était née en 1848 à Jersey (Îles Anglo-Normandes), d'une famille française originaire de Bricquebec dans le Cotentin, et était donc naturellement bilingue. Elle mourra en 1930 aux États-Unis, sans doute à New York.
↑La première adaptation au cinéma, sous le même titre The Barker (1928), se fait avec une distribution qui n'a aucune relation avec la distribution de la pièce. Il en est de même pour les deux autres adaptations qui ont été tournées : Houp là en 1933 et Broadway en folie en 1945.
↑ aetbArchives départementales du Bas-Rhin, « Registre des naissances pour l'année 1867 dans la commune de Wasselonne », soit l'année de naissance soit le nom de la commune est erroné car la table en fin de registre ne permet pas de retrouver de Georges Claude Chauchoin, sur archives.bas-rhin.fr, (consulté le )
↑Archives du Val-de-Marne, « Registre des naissances de Saint-Mandé, 1903-1905, vue 48/188, acte no 171, Chauchoin Émilie, 14 septembre 1903, légitime », sur archives.valdemarne.fr (consulté le ) : « […] Acte de naissance de Chauchoin Émilie, du sexe féminin, née le courant à 8 h du matin au domicile de ses père et mère, rue Armand-Carrel no 5. Fille de Georges Claude [Chauchoin], âgé de 36 ans, pâtissier, et de Loew Jeanne Marie, son épouse, âgée de 25 ans [cet âge ici déclaré et retranscrit apparaît erroné car il est en réalité de 26 ans puisque sa mère est née le ], sans profession. […] »
↑(en) Bernard F. Dick, Claudette Colbert. She Walked in Beauty, Univ. Press of Mississippi, , p. 1.
↑ aetbArchives de Paris, « Registre des naissances du 14e arrondissement, vue 23/31, acte no 3434, Loew Jeanne Marie », sur archives.paris.fr (consulté le ) : « […] du […] Acte de naissance de Jeanne Marie […] née avant-hier [par conséquent le ] matin à 7 h chez ses père et mère rue Vandammeno 23 […] Fille de Charles Loew, mécanicien, âgé de 30 ans, et de Marie Augustine Le Goupillot, sans profession, âgée de 29 ans, son épouse […] »
↑(en) Bernard F. Dick, Claudette Colbert : She Walked in Beauty, Jackson, Miss., University Press of Mississippi, , 329 p. (ISBN978-1-60473-087-6, OCLC317403502), chap. 1 (« Lily of Saint-Mandé »).
↑Archives de Paris, « Une des tables décennales des naissances dans le 14e arrondissement pour la décennie 1893-1902 », cette table ne permet pas de retrouver de naissance avec le nom « Chauchoin » dans cette décennie pour cet arrondissement ; une recherche identique sur une autre table décennale similaire, cette fois pour le nom « Loew » (nom de la mère), ne permet pas non plus d'aboutir ; l'information selon laquelle le frère aîné de Claudette Colbert serait né dans le 14e arrondissement est donc probablement erronée, sur archives.paris.fr (consulté le )
↑(en) Lawrence J. Quirk, Claudette Colbert : An Illustrated Biography, Crown Publishers., , 212 p. (ISBN978-0-517-55678-8, OCLC11344224), p. 5.
↑Selon une interview de l'actrice publiée en février 1975 dans le magazine Photoplay. Elle y indiquait aussi que sa grand-mère, qui rêvait de la Californie, avait fortement appuyé la décision de ses parents d'émigrer aux États-Unis.
↑(en) Lawrence J. Quirk, Claudette Colbert : An Illustrated Biography, Crown Publishers., , 212 p., p. 186.
↑ abcdeetf(en) Encyclopædia Britannica, « Biographie de Claudette Colbert », sur britannica.com (consulté le ) : « American stage and motion-picture actress […] She had begun using the name Claudette instead of Lily in high school, and for her stage name she added her paternal grandmother’s maiden name, Colbert. ».
Traduction de la citation : « Actrice américaine de théâtre et de cinéma […] Elle avait commencé à utiliser le prénom Claudette au lieu de Lily alors qu'elle était au lycée, et pour son nom de scène, elle a ajouté le nom de jeune fille de sa grand-mère paternelle, Colbert. »
Dans une interview télévisée de 1988 (voir la référence ina.fr jointe), Claudette Colbert déclare que Colbert vient en fait d'une arrière-grand-mère.
↑Martine Allain, Roger Favre et Emili Teixidor, Encyclopédie Alpha du cinéma, vol. 11 : Les Grands acteurs, Lausanne Paris, Grammont Alpha éd. etc, , 280 p. (ISBN978-2-8270-0491-1, OCLC490908220).
↑Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier, 50 ans de cinéma américain, Paris, Nathan, coll. « Omnibus », (1re éd. 1991), 1268 p. (ISBN978-2-258-04027-4, OCLC34035146).
↑Cf. page 24 de Joel W. Finler, The Hollywood Story: Everything You Always Wanted to Know About the American Film Industry But Didn't Know Where to Look, Pyramid Books, (ISBN1-85510-009-6)
↑(en) Helen Dudar, "Claudette Colbert Revels in a Happy, Starry Past", The New York Times, October 27, 1991, p. A-1
(en) Joel W. Finler, The Hollywood Story: Everything You Always Wanted to Know About the American Film Industry But Didn't Know Where to Look, Pyramid Books, (ISBN1-85510-009-6)