L'accès à la Bérarde, située à une douzaine de kilomètres du bourg de La Ville (bourg de Saint-Christophe-en-Oisans) et à une vingtaine du Bourg d'Oisans[2], se fait par une petite route de montagne qui est régulièrement coupée en hiver[3] à partir du hameau de Champhorent en raison de l'enneigement et de la présence de nombreux couloirs d'avalanche. L'accès au hameau est coupé depuis le à la suite du débordement du torrent des Étançons[4].
À proximité du hameau, se trouve la réserve naturelle de la Haute vallée du Vénéon, créée en 1974[5],[6].
Au début des années 2020, le hameau connaît une occupation saisonnière[7] avec une dizaine d'habitants en été, ainsi que des personnes venues sur de courts séjours en lien avec le site touristique et montagnard[3],[8],[9],[10]. Au début des années 2020, ce site attire sur une année 80 000 visiteurs[11] et compte des gîtes, un camping, des restaurants et une épicerie-café[10].
Il semble que les plus anciennes mentions dans des documents de l'existence du hameau de la Bérarde remontent à 1497[12]. Pendant plusieurs siècles, le lieu vivra de l'agriculture et de l'élevage[12].
Le 10 septembre 1753, un incendie détruit la chapelle et onze maisons dans le hameau[13]. Pour ces dernières, chacune est constituée d'une partie destinée à l'habitation, d'une écurie et d'une grange[13]. Les volumes en sont simples, les murs de pierre jointe par du mortier de terre, les toits en chaume. La chapelle, quant à elle, a des murs en pierre jointoyée de chaux et sable et un toit recouvert d'ardoise[13].
La route de La Bérarde au début du XXe siècle avec Venosc et Bourg d'Arud à l'arrière-plan.
Dans les années 1860-1870, l'Oisans devient un lieu d'alpinisme ; plusieurs « courses » (trajets) d'alpinisme ont leur départ à la Bérarde[14]. En 1877, le hameau est un départ pour l'ascension de la Meije par le versant sud par le guide Pierre Gaspard et son client alpiniste Emmanuel Boileau de Castelnau[8],[10]. L'activité se développe et, en 1876, un corps de guides de la Société des Touristes du Dauphiné (STD) est, par exemple, organisé à la Bérarde, comme dans d'autres villages de la région ; en 1887, la STD crée un chalet-hôtel dans le hameau[15]. La Chapelle Notre-Dame-des-Neiges de la Bérarde est construite en 1892[3] ; elle sera détruite lors de la crue de juin 2024[9],[11].
1913 voit la création du « parc de la Bérarde » à des fins de protection de la nature ; celui-ci devient ensuite le « parc national de l'Oisans », puis, en 1924, le « parc national du Pelvoux », qui connaît peu à peu un agrandissement des zones protégées jusqu'à s'étendre aux vallées de la Vallouise et du Valgaudemar[16]. En 1964, le parc est renommé et qualifié de « parc domanial », une loi créant les parcs nationaux en France ayant été adoptée en 1962 ; les années qui suivent connaissent des projets pour en faire un parc national selon la nouvelle règlementation, ceci dans un contexte ou les avis divergent sur la question[16]. Ces débuts permettront la création du parc national des Écrins en 1973[16].
L'accès au hameau passe du chemin muletier[14] à une route carrossable en 1921[7],[17],[18]. En 1951, alors que la commune de Saint-Christophe-en-Oisans vit un phénomène d'émigration depuis des décennies, La Bérarde comporte 43 habitants en été, contre 17 en hiver[19]. Dans ces mêmes années, du fait de la fréquentation touristique et des excursions en haut montagne, elle est considérée comme le « second centre français de l'alpinisme »[19].
Le, une crue considérée comme exceptionnelle du torrent des Étançons détruit en grande partie le hameau[20],[21],[22]. Le cours d'eau sort de son lit et recouvre son cône de déjection sur lequel est implanté le hameau[20],[22]. D'importantes quantités de matériaux de taille diverse charriés par les eaux (en un phénomène de laves torrentielles[23],[12]) recouvrent le site en détruisant plusieurs bâtiments dont la chapelle, des routes et des ponts mais sans faire de victime, près d'une centaine d'habitants et occupants est évacuée par les services de secours, en très grande majorité par hélicoptère alors que la crue et la destruction des maisons sont en cours[20],[22],[24]. Le phénomène de laves torrentielles a été suivi de l'érosion de certaines zones lors du creusement d'un nouveau chenal par le torrent des Étançons[12]. L'ampleur des dégâts est liée à une situation multifactorielle, notamment une combinaison de fortes précipitations, d'une fonte nivale importante et de la vidange du lac supraglaciaireduglacier de Bonne Pierre[22],[25],[26],[12].
Quelques jours après cet évènement, le Département de l'Isère a créé un fonds d'aide d'urgence destiné à aider les collectivités ayant subi le sinistre, tout en faisant un appel à contributions ; ce même département a abondé ce fonds avec 5 millions d'euros[27] et la Communauté de communes de l'Oisans a prévu pour ce fonds 2 millions d'euros[28].
« Vallée de la Bérarde », image extraite de l'ouvrage Norway and its glaciers, visited in 1851 - followed by journals of excursions in the high Alps of Dauphné, Berne and Savoy, 1853.
↑ abetcBernard Bonnin, « Quelques éléments sur les maisons rurales en Dauphiné au XVIIIe siècle », Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d’ethnologie, vol. 10, no 1, , p. 485–496 (DOI10.3406/mar.1982.1183, lire en ligne, consulté le )
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↑Jean-Marie Roy, « Les grandes étapes de la pénétration touristique dans le Dauphiné alpestre », Revue de Géographie Alpine, vol. 41, no 2, , p. 327–348 (DOI10.3406/rga.1953.1094, lire en ligne, consulté le )
↑ abetcValeria Siniscalchi, « Économie et pouvoir au sein du parc national des Écrins », Techniques & Culture. Revue semestrielle d’anthropologie des techniques, no 50, , p. 40–59 (ISSN0248-6016, DOI10.4000/tc.3941, lire en ligne, consulté le )
↑André Allix, « La route de La Bérarde », Revue de Géographie Alpine, vol. 10, no 3, , p. 445–457 (DOI10.3406/rga.1922.1731, lire en ligne, consulté le )
↑ aetbAnnie Illaire, « La vie dans une cellule de haute montagne: Saint-Christophe-en-Oisans », Revue de Géographie Alpine, vol. 41, no 4, , p. 695–723 (DOI10.3406/rga.1953.1118, lire en ligne, consulté le )
↑Richard Schittly, « Dans le massif de l’Oisans, dans l’Isère, un hameau dévasté par un phénomène de « lave torrentielle » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑"Tourisme. Chamonix, la Mecque de l'alpinisme", dans L'Humanité le 20 août 2003 [2]
↑"Immobilier : les stations de ski les plus résistantes au changement climatique", par Christian Fontaine le 09/02/2022 dans Le Revenu[3]
↑"Saint-Christophe-en-Oisans : La Mecque de l'alpinisme a dit "non" à la fusion" par Emmanuelle Dufféal, dans Le Dauphiné libéré le 21 mars 2016 [4]
↑"Guide du Routard Pérou 2023/24", page 252, ouvrage collectif sous la direction de Philippe Gloaguen, paru chez l'éditeur. Hachette Tourisme [5]
↑Huaraz versus Chamonix, ou « les Mecques de l'alpinisme », texte publié dans le livre Sacré mont Blanc, de Marc Lemonnier, Cécile Auréjac et Gilles Mazard, publié en 2020 aux Editions AO-André Odemard [6]
André Allix André, « La route de La Bérarde », Revue de géographie alpine, 1922, Tome 10 N°3. p. 445-457.
Aimée Bigallet, « La vie d'hiver dans le Haut-Vénéon », dans Revue de géographie alpine, 1922, Tome 10 N°4. pp. 625-634.(sur persée.fr)
Dominique Villars, Précis d'un voyage à la Bérarde en Oisans, dans les grandes montagnes du Dauphiné. Paris : Typographie G. Chamerot, 1887, 27 p. Lire en ligne sur Gallica.