Le Maître de Santiago a été joué pour la premiere fois le à Paris au théâtre Hébertot avec un très grand succès[1]. La pièce fut ensuite reprise du 9 au à BruxellesauThéâtre royal du Parc, dans une mise en scène de Paul Oettly, une scénographie et des costumes de Mariano Andreu. Les interprètes en furent Henri Rollan (Don Alvaro Dabo), Allain Dhurtal (Don Bernal de la Encina), Georges Saillard (Don Fernando de Olmeda), André Var (Don Gregorio Obregon), Pierre Moncorbier (Le Marquis de Vargas), Vincent Ortega (Le Marquis de Letamendi), Jean Berger (Le Comte de Soria), Hélène Vercors (Mariana) et Suzanne Demay (Tia Campanita). En 1948, le problème colonial est au second plan des préoccupations françaises, mais c'est pourtant lui que Montherlant soulève dès cette date, comme il en a témoigné lui-même dans la postface de son œuvre[2]. « Les colonies sont faites pour être perdues » s'exclame ainsi un personnage, une affirmation qui n'était pas forcément partagée par l'opinion publique en 1948[3].
La pièce reste présentée au théâtre Hébertot, avec les mêmes interprètes, pendant plusieurs années, au moins jusque l'été 1953[4]. Le spectacle est aussi produit à l'étranger[5].
Cinq chevaliers de Saint-Jacques se rendent chez Don Alvaro Dabo pour la réunion mensuelle de l'ordre. Ils ont également pour but de convaincre Don Alvaro de partir pour le Nouveau Monde afin d'y faire fortune. Don Bernal est particulièrement intéressé à l'affaire puisque son fils Jacinto est amoureux de Mariana Dabo, la fille de Don Alvaro, mais celui-ci ne veut pas la voir partir loin de lui. Alvaro, homme austère et peu soucieux des richesses, refuse donc cette offre de départ pour l'Amérique. Il préfère rester dans sa retraite et mener une vie pieuse auprès de sa fille. Mais Don Bernal lui tend un piège et envoie un faux émissaire qui le sollicite de la part du Roi. Alvaro, tout à sa loyauté envers le Souverain, est tout près de consentir au départ quand Mariana intervient et révèle la supercherie. La pièce se finit par une fervente prière à Dieu du père et de la fille, qui décident tous deux de se retirer dans un couvent.
« Le Maître de Santiago porte hautement le témoignage de ce que Montherlant est l’un des plus grands écrivains français de ce temps. Il y a dans ces trois actes une force qui les soutient sans défaillance à une singulière hauteur. » (Thierry Maulnier, Hommes et Mondes, 1947)
« Ce chef-d’œuvre étrange, écouté dans le plus profond silence par un public qui a oublié d’applaudir au baisser du rideau, pendant plusieurs secondes, d’étonnement. J’ai été moi-même abasourdi. Entendu dire beaucoup de sottises sur Montherlant et, en particulier, sur cette pièce. Que leur faut-il donc ? Je ne comprends pas qu’ils ne sachent pas au moins garder le silence devant une œuvre d’une telle beauté, beauté irritante peut-être, exaspérante même, parce que l’auteur avec tout son génie, touche à des choses très graves avec une sorte d’insolence qui fait peur. » (Julien Green, Journal, t.V, 1951)
(en) David L. Gobert, « Structural Identity of "La Reine morte" and "Le Maître de Santiago" », dans The French Review, vol. 38, n° 1, , p. 30-33 Aperçu en ligne.
Liana Maria Mocan, « La symbolique du blanc dans Le Maître de Santiago de Montherlant », dans Revue d'histoire du théâtre, 2004, n° 3, p. 235-240.
Gérard Loubinoux, « Du texte comme partition : éléments musicaux dans Le Maître de Santiago de Henry de Montherlant », dans La lettre et la scène : linguistique du texte de théâtre, Dijon, Editions Universitaires de Dijon (collection « Langages »), 2009, p. 295-304 (ISBN978-2-915611-18-2).
Michel Monnerie, La dramaturgie catholique de Henry de Montherlant dans "Le maître de Santiago", "La ville dont le prince est un enfant" et "Port-Royal", Paris, Séguier, 2009, 334 p. (ISBN978-2-84049-541-3).