Paul Ollendorff est le deuxième fils d’Heinrich Gottfried Ollendorff, émigré juif de Pologne, et auteur d'un ouvrage pédagogique à succès intitulé Nouvelle Méthode pour apprendre à parler, écrire une langue en six mois[3]. Paul, son frère Gustave[4], sa sœur Mina et leur mère Dorothéa Ollendorff-Pincus vivront dans un premier temps des revenus éditoriaux du père, vendant les méthodes rue de Richelieu : c'est au 28 bis de cette rue qu'en 1875 le jeune Ollendorff ouvre sa propre librairie, avec comme fonds de départ des pièces de théâtre.
En 1898, fort de son succès, Paul crée avec quelques associés la Société d'éditions littéraires et artistiques, en complément de La Librairie Ollendorff. Les locaux se situent 50, rue de la Chaussée-d'AntinetColetteouAndré Theuriet se laissent séduire par cette nouvelle maison. En 1899, il entreprend l'édition illustrée des Œuvres complètesdeMaupassant dont il confie toute la gravure sur bois à Georges Lemoine.
Alors qu’en , Ollendorff annonçait la publication d'une nouvelle collection reliée à 3,50 francs en la présentant comme une nouvelle forme d'édition, sa gamme de « romans populaires illustrés » (par Géo Dupuis, José Roy, etc.) ne prend pas, sans doute concurrencée par des ouvrages bien plus alléchants[7]. La Librairie Ollendorff semble péricliter à partir de 1904. Déçu, il est plus ou moins écarté par ses associés et rachète ensuite avec ses parts le journal Gil Blas avec Antonin Périvier (première publication sous sa direction le [8]), qu'il abandonne en 1911. En 1903, il lance Drames vécus ! Plus de fictions : la réalité, un périodique de récits illustrés dirigé par Félix Le Héno (Jacques Dhur).
Après 1903, « Paul Ollendorff, éditeur » continue son activité. La maison décroche le prix Goncourt de 1905 avec Les CivilisésdeClaude Farrère, un véritable best-seller, puis lance plusieurs nouvelles collections à bas prix.
Début 1913, il refuse le manuscrit des premiers tomes d’«A la recherche du temps perdu » en écrivant à ce sujet à Marcel Proust que:
« Je suis peut-être bouché à l’émeri, mais je ne puis comprendre qu’un monsieur puisse employer trente pages à décrire comment il se tourne et se retourne dans son lit avant de trouver le sommeil. »
Quand Paul Ollendorff meurt en 1920[9], la maison qu'il avait créée est quelque peu endormie. Les éditions Albin Michel récupérèrent une partie du fonds en 1924 (« Fonds Ollendorff »). La Société d'Éditions littéraires et artistiques dépose le bilan en .
Marque des éditions, vers 1910.
Le Droit des blessés : l'affaire du Zouave Deschamps devant le Conseil de Guerre de Tours (Paul Meunier), Librairie Paul Ollendorff, 1916.
↑Adoptée par les collèges, cette méthode fut déclinée pour l'allemand, l'anglais, l'italien, le latin, etc., et même le français à l'usage des étrangers. Éditée à compte d'auteur à partir des années 1840, l'adresse mentionnée est le 67 rue de Richelieu à Paris.
Olivier Bessard-Banquy, « La maison Ollendorff. Splendeurs et misères d’une grande maison littéraire : au tournant des XIXe et XXe siècles », Revue française d’histoire du livre, (lire en ligne).
Notice de Pierre Michel sur Paul Ollendorff, in Dictionnaire Octave Mirbeau, en ligne. Parue dans « Mirbeau, Ollendorff et les droits d’auteur », Cahiers Octave Mirbeau, no 12 (2005) et no 14 (2007).