Philippe Chardin est le premier auteur français à avoir été publié par les éditions Jacqueline Chambon (« Souvenirs impies en 1989, « L’Obstination » en 1990 puis à nouveau, chez Jacqueline Chambon associée avec Actes Sud, « Le méchant vieux temps » en 2008) et l'un des premiers écrivains à avoir été publiés par Alain Veinstein dans la collection « Melville » chez Léo Scheer (« Soliloque pour clarinette seule », 2003). Son œuvre d’essayiste s’ouvre quant à elle avec « Le roman de la conscience malheureuse » (Droz, Genève, 1982 ; repris dans la collection « Titre courant » en 1998).
Dans le domaine de la critique littéraire, Philippe Chardin est spécialiste des littératures européennes en prose de la seconde moitié du XIXe siècle, du XXe siècle et de l’époque contemporaine[3], en particulier des évocations romanesques de l’avant-guerre de 1914, des romans d’éducation, des représentations littéraires de la jalousie, des « réceptions créatrices » en littérature, notamment autour des œuvres de Gustave Flaubert, de Dostoïevski, de Robert Musil et des écrivains viennois, ainsi que de certains genres ou formes littéraires mixtes. Il s’est également intéressé à l’histoire des idées à la fin du XIXe siècle et au XXe siècle à travers les rapports entre philosophie et littérature, entre littérature et psychanalyse (notamment à partir du roman d’Italo SvevoLa conscience de Zeno ) ou entre littérature et politique. Enfin Philippe Chardin, qui codirige le séminaire Proust à l’ITEM, s’est orienté, dès son mémoire de maîtrise qui portait sur « Proust et Dostoïevski », vers une série d’approches comparatistes et européennes, de l’œuvre de Marcel Proust, avec de grands écrivains étrangers qui lui sont contemporains comme Robert Musil ou comme Thomas Mann ou de grands prédécesseurs comme Flaubert, comme Tolstoï ou comme Dostoïevski.
Dans le domaine de la fiction, les cinq récits qu’il a publiés se situent à la lisière du roman et d’autres genres littéraires et forment des hybrides originaux : nouvelles en forme de Bildungsroman fragmentaire (Souvenirs impies) ; histoire d’un amour et d’une rupture dans laquelle les lettres jouent un grand rôle (L’Obstination) ; soliloque autour d’un apprentissage tardif de la clarinette et de souvenirs liés à une liaison avec une jeune cantatrice (Soliloque pour clarinette seule) ;satire de l’université française en forme de « roman comique » (Alma mater, premier roman comique inspiré par l’université française, Séguier) ; bilan mélancolique des vies respectives à travers des retrouvailles d’un week-end entre d’anciens amis de lycée. Tous ses livres se caractérisent par une attention particulière portée à l’écriture et à la langue, par un fort potentiel d’humour noir (en particulier dans la satire de l’université française) et par la récurrence de certains leitmotive proustiens comme ceux de la jalousie ou du « méchant vieux temps ».
Un roman du clair-obscur : L’Idiot de Dostoïevski, Paris, éd. Minard, 1976 (réédition 2007), 111 p. (ISBN978-2-256-90354-0et2-256-90354-0)
Le roman de la conscience malheureuse : Svevo, Gorki, Proust, Mann, Musil, Martin du Gard, Broch, Roth, Aragon, Genève, éd. Droz, , 339 p. (ISBN2-600-00513-7, lire en ligne)
éd. augmentée, coll. « Titre courant », 1998
L’amour dans la haine ou la jalousie dans la littérature : Dostoïevski, James, Svevo, Proust, Musil, Genève, éd. Droz, 1990 (réed.1996)
Musil et la littérature européenne, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Littératures européennes »,, , 274 p. (ISBN2-13-049454-4)
Traduction italienne Musil e la letteratura europea, Turin, UTET libreria,
Proust ou le bonheur du petit personnage qui compare, Paris, éd. Honoré Champion, coll. « Recherches proustiennes », , 258 p. (ISBN2-7453-1381-9)