Il œuvre pour l'abolition de l'entrave des malades mentaux par des chaînes et, plus généralement, pour l'humanisation de leur traitement. Toutefois le geste par lequel il aurait ôté leurs chaînes à des aliénés est une fiction inventée par son fils[1]. Il travailla notamment à l'hôpital Bicêtre.
On lui doit la première classification des maladies mentales. Il a exercé une grande influence sur la psychiatrie et le traitement des aliénés en Europe et aux États-Unis.
Après la Révolution française, le docteur Pinel bouleverse le regard sur les fous (ou « aliénés ») en affirmant qu'ils peuvent être compris et soignés. Il préconise le « traitement moral » du malade qui préfigure nos psychothérapies modernes. Proche de la société des Idéologues, il publie en 1801 son Traité médico-philosophique sur l'aliénation mentale, marqué par l’influence de Condillac[2].
Il commence ses études médicales à Toulouse pour être reçu docteur en 1773. Il va à Montpellier en 1774 pour suivre les cours de Paul-Joseph Barthez et arrive à Paris en 1778.
Son neveu est le psychiatre Casimir Pinel[8], dit Pinel neveu. Son arrière-petit-neveu, le psychiatre René Semelaigne, est aussi le fils du psychiatre Armand Semelaigne.
Il est nommé médecin des aliénés de Bicêtrele, par décret, sur proposition de Jacques-Guillaume Thouret et de Pierre Jean Georges Cabanis. Il y observe avec attention les pratiques de Jean-Baptiste Pussin, qui développe le « traitement moral » des aliénés, prenant en compte la part encore intacte de leur raison. Pussin était un homme de grande bienveillance envers les malades, doué d'une force considérable et d'un esprit observateur; il mit en pratique la suppression de l'usage des chaînes à Bicêtre (Traité médico-philosophique sur l'aliénation mentale ou La manie (1801), page 201).
Puis en 1795, il est nommé médecin-chef de la Salpêtrière où il applique les mêmes réformes qu'à Bicêtre. Il demande dès son arrivée que Pussin le suive, mais ce n'est qu'en 1802 que sa demande sera exaucée[11],[12]. Il commence alors à réformer l’organisation de l’hôpital.[réf. nécessaire]
En 1798, il écrit une Nosographie philosophique, qui est une classification des maladies mentales, appelées à l'époque vésanies. Basée sur le principe de classification des sciences naturelles, cette nosographie s'inspire notamment des œuvres de Cullen et de François Boissier de Sauvages de Lacroix, auteur d'un ouvrage classique intitulé Nosologia Methodica où il étudiait les diverses folies. Pinel apparaît ainsi comme un des fondateurs de la nosologie, après Boissier de Sauvages.[réf. nécessaire]
En 1801, il rédige un Traité médico-philosophique sur l'aliénation mentale. Reposant sur les organes lésés, cette classification distingue :
l’idiotisme (abolition totale des fonctions de l’entendement).
Pour Pinel, les troubles mentaux sont dus à des atteintes physiologiques provoquées par les émotions. L’aliéné est un sujet et il convient de prendre en compte son passé et ses difficultés pour la mise en place d’une thérapeutique[13].
En 1802, sept ans après la demande de Pinel, et grâce à l'influence du ministre de l'Intérieur Jean-Antoine Chaptal[11], Jean-Baptiste Pussin rejoint la Salpêtrière, où il travaillera jusqu'à son décès, en 1811[12].
Pinel supprima les saignées et les médications inutiles qui ne faisaient qu'affaiblir les aliénés. Il pensait qu'on pouvait guérir les fous avec des paroles encourageantes et, dans les cas de délires, un raisonnement habile devait réduire l'idée dominante.[réf. nécessaire]
Il préconisait un traitement moral. Selon lui, le médecin devait comprendre la logique du délire de son patient, puis s'appuyer sur le reste de raison demeurant chez tout aliéné pour le forcer peu à peu à reconnaître ses erreurs, en usant du dialogue mais aussi, au besoin, de son autorité. On a beaucoup discuté du sens du traitement moral. Pour les uns, Michel Foucault[15] notamment, P. Pinel ne fait que remplacer une contention physique par un conditionnement moral. Une exclusion par une autre, le malade psychiatrique se trouvant livré à la toute-puissance des médecins, seuls à juger de la guérison dans leurs asiles. Pour les autres, en faisant du fou un malade que l'on pourrait soigner, réintégrer dans la cité, Pinel permet d'établir un dialogue avec la folie, certes incomplet, voire spécieux, mais un dialogue tout de même[16].
Le sculpteur Ludovic Durand réalise en 1885 le Monument à Philippe Pinel, situé devant la Salpêtrière à Paris. En 2023, à la suite des travaux autour de la gare d'Austerlitz, le monument est déplacé place Pinel, dans le XIIIe arrondissement de Paris.
Un centre hospitalier porte son nom à Amiens, de même une unité de soin au CPA (centre psychothérapique de l'Ain) à Bourg-en-Bresse, une unité du centre hospitalier du Rouvray à Sotteville-lès-Rouen, un bâtiment au Centre hospitalier de l'estran à Pontorson ainsi qu'une unité du centre hospitalier de Cadillac en Gironde, à Clairefontaine en Haute-Saône.
Nosographie philosophique, ou la méthode de l'analyse appliquée à la médecine (2 volumes, 1798) [1][2] lire en ligne sur Gallica.
Rapport fait à l'École de médecine de Paris, sur la clinique d'inoculation, le 29 fructidor, an 7 (1799). Texte en ligne : [3] lire en ligne sur Gallica.
Traité médico-philosophique sur l'aliénation mentale ou La manie (1801) Texte en ligne : [4] lire en ligne sur Gallica.
La médecine clinique rendue plus précise et plus exacte par l'application de l'analyse : recueil et résultat d'observations sur les maladies aigües, faites à la Salpêtrière (1802) [5] lire en ligne sur Gallica.
Jurisprudence médicale. Résultats d'observations pour servir de base aux rapports juridiques.... s.l. : s.n.. [1817]. [6].
« Lettres de Pinel, précédées d'une notice sur sa vie par son neveu, le Dr Casimir Pinel » in Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie (1859).
Genèse de la psychiatrie : les premiers écrits psychiatriques de Philippe Pinel, éd. par Jacques Postel, Le Sycomore, Paris, 1981
↑F. Huguet, Les professeurs de la faculté de médecine de Paris. Dictionnaire biographique 1794-1939, Paris, INRP CNRS, , 753 p. (ISBN2-222-04527-4), p.367
↑Philippe Pinel, Traité médico-philosophique sur l'aliénation mentale, Paris, Les empêcheurs de penser en rond, , 395 p. (ISBN2-84671-124-0), Section 1, IV, §30
Georges Cuvier, Éloge historique de M. Pinel, dans Mémoires de l'Académie des sciences de l'Institut de France, Gauthier-Villars, Paris, 1830, tome 9, p. CCXXIV-CCLX (lire en ligne).
Pierre Chabert, « Les origines familiales de Philippe Pinel », Histoire des Sciences médicales, vol. 11, nos 1-2, , p. 13-18. (lire en ligne).
Émile Gilbrin, « La lignée médicale des Pinel, leur aide aux prisonniers politiques sous la Terreur et pendant la Restauration », Histoire des Sciences médicales, vol. 11, nos 1-2, , p. 29-35. (lire en ligne)
J. Garrabé, Philippe Pinel, Synthélabo, coll. « Les empêcheurs de penser en rond », (ISBN2-908602-50-4).
G. Swain: Le sujet de la folie. Naissance de la psychiatrie, Calmann-Lévy (Paris), 1997.
Dora B. Weiner: Comprendre et soigner : Philippe Pinel (1745-1826), la médecine de l'esprit, collection Penser la médecine, Librairie Arthème Fayard (Paris), 1999.
Thierry Gineste: L’opposition des deux fondateurs de la psychiatrie moderne : Philippe Pinel et Jean-Marc Gaspard Itard, Émission en ligne dans le site Canal Académie.