La très chic rue Fortuny
Carré VIP. Les hôtels particuliers y rivalisent de beauté et d'occupants prestigieux.
Jérôme CordelierTemps de lecture : 2 min
C'est une adresse de diva. Au n° 35 de la rue Fortuny, la tragédienne Sarah Bernhardt avait élu domicile dans un hôtel particulier construit pour elle, en 1876, par l'achitecte Nicolas Félix Escalier. Un bâtiment charmant de 400 mètres carrés, orné de gargouilles en saillie sur la corniche et d'un heurtoir apposé sur la porte d'entrée, qu'a acquis il y a quelques mois - comme Le Point l'a révélé - l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin. Coïncidence ou facétie, à quelques mètres de là, sur le trottoir d'en face, au n° 46, s'élève un autre joli hôtel particulier où, longtemps, habita... Nicolas Sarkozy.
Dans cet édifice de style néo-Renaissance, construit en 1880 par l'architecte Eugène Flamand, le président de la République a en effet passé une bonne partie de sa jeunesse - à sa naissance, puis de 4 à 18 ans. Après son divorce, sa mère avait trouvé refuge au deuxième étage de cet hôtel particulier, propriété de son père, et par conséquent grand-père de l'actuel président, Benedict Mallah.
Musée à ciel ouvert. Au coeur du triangle d'or du 17e arrondissement, la rue Fortuny est un petit musée à ciel ouvert où voisinent des hôtels particuliers parmi les plus beaux de la capitale, pour la plupart construits à la fin du XIXe siècle, au moment de l'essor de la plaine Monceau, sous l'impulsion des frères Péreire - la rue fut ouverte en 1876 sur des terrains appartenant au peintre animalier Louis Godefroy Jadin, chroniqueur des scènes de chasse de Napoléon III. Au n° 2, Edmond Rostand, qui vécut dans cet immeuble de 1891 à 1897, a écrit " Cyrano de Bergerac ". Presque en face, au n° 13, Marcel Pagnol avait installé - entre 1933 et 1950 - son domicile et les bureaux de sa société de production. Aujourd'hui, cette rue si élégantede Paris abrite nombre de bureaux, d'études d'avocats, de mutuelles d'assurances, de sociétés fiduciaires, mais on trouve aussi, au n° 5, la résidence de l'ambassadeur d'Iran et, au n° 36,l'antenne de la Ligue des Etats arabes. Et aussi, au n° 9, le lycée Mariano-Fortuny, établissement professionnel qui forme aux métiers de l'esthétique. Ses élèves sont à bonne école : l'architecture du bâtiment est d'un grand raffinement. Ce joyau, comme tous les lycées, est la propriété du conseil régional d'Ile-de-France