Il expose pour la première fois au Salon des artistes français de 1882. L'année 1884 lui accorde la mention honorable du jury du Salon pour son Portrait de saint Sébastien. En 1885, peu fortuné et toujours inconnu, La Gandara rencontre le comte Robert de Montesquiou, dont il fait un portrait[3] qui plaît au mécène, pourtant exigeant. Celui-ci le présente à quelques amis, parmi lesquels la comtesse Jean de Montebello, dont il reproduit l'image gracieuse vêtue de mousseline blanche, la taille petite, la tête couverte d'un chapeau qu'une main légère semble protéger du vent. Puis la baronne Adolphe de Rothschild, la comtesse Greffulhe, Anna de Noailles, ainsi que Virginie Gautreau, le modèle du tableau Madame XdeSargent, s'intéressent à lui.
Vers 1900, Antonio de La Gandara est au sommet de sa gloire, recherché en Europe et aux États-Unis, où il expose, et en Argentine. Émile Verhaeren le dit influencé par Chardin, et Whistler par lui-même. Le Larousse mensuel illustré d' le rapproche de Zurbarán et de Vélasquez. D'autres croient reconnaître dans sa technique le reflet de son admiration pour Goya. William B. Denmore du Metropolitan Magazine, au contraire, insiste sur l'individualité de son style.
Peu à peu la critique souligne son attachement à la mode du jour — il collabore notamment à Gazette du bon ton. Il devient président de l'Association des peintres costumiers de la mode où le rejoignent notamment René Préjelan, Adolphe WilletteetAlbert Guillaume. Pendant ce temps, un autre peintre du Tout-Paris comme Giovanni Boldini fait preuve de plus de nervosité, et d'autres artistes comme le jeune Pablo Picasso expérimentent.
Pourtant, la renommée est loin de l'abandonner. La Gazette des beaux-arts estime, en 1910, que « M. de La Gandara atteint cette année la perfection que son art peut donner ». Le Figaro illustré lui fait l'honneur de sa première page. Le journal de la Buffalo Fine Arts Academy le décrit comme l'un des peintres contemporains les plus recherchés et les plus remarquables. L'Écho de Paris qualifie son portrait d'Ida Rubinsteinde« rare et parfait ».
Vient la Première Guerre mondiale. Des amis lui écrivent du front, racontant les horreurs des tranchées. La Gandara se montre généreux envers les œuvres de soutien aux combattants et à leurs familles.
Les tableaux les plus réputés de cet artiste sont ses portraits mondains, comme celui, en pied, de la danseuse et mécène Ida Rubinstein (1913), des vues de Paris et des natures mortes.
Il est l'auteur de quelques œuvres inhabituelles, comme quatre Don QuichotteetLa Belle et la Bête, mais aussi de lithographies d'une grande délicatesse qu'il produisit vers 1895 et 1896 et qui attirèrent l'attention du public lors des expositions Art nouveau chez Bing.
Un roman historique lui est consacré : Intrigues parisiennes de la Belle Époque. Le drame d'Antonio de La Gandara (Éditions L'Harmattan, 2016).
En, le musée Lambinet à Versailles organise une importante rétrospective regroupant plus de cent œuvres du peintre et de nombreux documents et objets[9].
↑L'exemplaire d'Edmond de Goncourt, orné en couverture du portrait de profil de l'auteur par l'artiste et relié par Pierson, est passé en vente à Paris à l'hôtel Drouotle (La Gazette Drouot, no 33, , p. 90).
Gabriel Badea-Päun, « Antonio de La Gandara (1861-1917), un portraitiste mondain oublié, un parcours, un réseau, une mode », in : Studii Şi Cercet. Ist. Art., ARTĂ PLASTICĂ, serie nouă, tom 2 (46), p. 87–119, Bucureşti, 2012 (Texte intégral en ligne [PDF]).
Xavier Mathieu, Antonio de La Gandara : Un témoin de la Belle Époque, Tourgéville, Librairie des Musées, , 307 p. (ISBN978-2-35404-021-5, BNF42521898).
Gabriel Badea-Päun, « Les peintres whistlériens aux Salons de la Société Nationale des Beaux-Arts, 1890-1903 », Bulletin de la Société de l’Histoire de l’Art français, p. 303-322. — Conférence à la Société de l'histoire de l'art français, présentée à l’Institut national d'histoire de l'art, Paris, le .
Gabriel Badea-Päun, « Entre mondanité et mécénat — les avatars d'une relation, Robert de Montesquiou et Antonio de La Gandara », Revue de la Bibliothèque nationale, no 25, 2007, p. 54-62.
Gabriel Badea-Päun, « Antonio de La Gandara (1861-1917), naissance d'un portraitiste mondain. L'exposition chez Durand-Ruel, , conférence à la Société de l'histoire de l'art français, présentée à l'Institut national d'histoire de l'art, Paris, le », Bulletin de la Société de l'histoire de l'art français, 2007, p. 315-334, planches XII-XVI.
Gabriel Badea-Päun, « Un intermezzo lithographique — les estampes d'Antonio de La Gandara », Nouvelles de l'estampe, no 207, juillet-, p. 23-36.
Gabriel Badea-Päun, « De l'atelier de Gérôme au cabaret du Chat noir. Les années de formation d'Antonio de La Gandara (1861-1917) », Le Vieux Montmartre, nouvelle série, fascicule no 75, , p. 12-36.
Gabriel Badea-Päun, Antonio de La Gandara, sa vie, son œuvre (1861-1917), catalogue raisonné de l'œuvre peint et dessiné, thèse de doctorat sous la direction de Bruno Foucart, Paris-IV Sorbonne, 2005, 3 volumes, Presses Universitaires de Lille, 2006, 2 881 p.
Gabriel Badea-Päun, « Antonio de La Gandara », in : Allgemeines Künstlerlexikon, volume 49, Leipzig-Munich, K.G.Saur Verlag.
Gabriel Badea-Päun, Portraits de Société, Paris, Citadelles et Mazenod, 2007. — Prix du cercle Montherlant de l'Académie des Beaux-Arts 2008.
(en) Gabriel Badea-Päun, The Society Portrait, Londres, Thames & Hudson, et New York, Vendôme Press, 2007.
Xavier Mathieu, Antonio de La Gandara Gentilhomme-Peintre de la Belle Epoque 1861-1917, éditions Gourcuff-Gradenigo, 2018 (ISBN9782353402878). — Ouvrage réalisé dans le cadre de l'exposition Antonio de La Gandara Gentilhomme-Peintre de la Belle Époque, préface de François de Mazières, maire de Versailles.