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Il mène les troupes françaises lors de la levée du siège de Montargis le 5 septembre 1427, au côtés de ses compagnons La HireetPonton de Xaintrailles, premier grand revers anglais de la guerre de cent ans[2].
Jean est le fils illégitime de Louis, duc d'Orléans (1372-1407), fils cadet de Charles V et frère tout-puissant de Charles VI. Sa mère est Mariette d'Enghien, dame de Wiege et de Fagnoles, fille de Jacques d'Enghien, seigneur d'Havré et de Marie de Roucy de Pierrepont. Depuis 1389, elle est l'épouse d'Aubert le Flamenc, seigneur de Canny et de Varenne, conseiller et chambellan de Charles d'Orléans[3].
L'enfant est élevé dans la famille légitime de son père aux côtés de son demi-frère Charles d'Orléans, et notamment, dans les premières années, sous la direction de l'épouse de celui-ci, Valentine Visconti (1366-1408), comtesse de Vertus. Cette pratique est d'usage courant à l'époque dans les familles nobles ou de lignage royal. Valentine Visconti l'aurait confié à la famille de Sarrebrück-Commercy, après l'assassinat de son mari[4].
Il est souvent désigné comme « le bâtard d'Orléans » et appelé « Dunois », raccourci de son titre comtal, à partir de l'obtention de celui-ci.
Jean se distingue de bonne heure par sa vaillance : à 25 ans, il bat, avec 1 600 hommes, sous les murs de Montargis, 3 000 Anglais commandés par lord Warwick, lord Suffolk et Sir John de la Pole.
Lors du siège d'Orléans (1428-1429), le bâtard d'Orléans assume le rôle de chef militaire de la maison d'Orléans, rameau de la dynastie royale des Valois, puisque le duché d'Orléans est privé de ses dirigeants légitimes. En effet, les deux demi-frères du bâtard, le duc Charles d'Orléans et le comte Jean d'Angoulême, demeurent prisonniers des Anglais. Le commandement des centaines d'hommes d'armes dépêchés par Charles VII afin de protéger la capitale du duché incombe ainsi au futur comte de Dunois[5]. Le bâtard ne paraît pas encore jouer de « rôle proprement politique » en ce temps[6] bien qu'il siège au Conseil royal à partir de l'année 1428[7].
Jean devient un compagnon d'armes de Jeanne d'Arc dès sa venue devant Orléans assiégée, participant à nombre de ses faits d'armes. Il participe à la levée du siège puis contribue à la victoire de Patay en 1429.
Armoiries portées par Jean de Dunois après 1439.
Il s'illustre encore après la disparition de la Pucelle. En 1432, il réduit la ville de Chartres, et en 1436 il reprend conjointement avec le comte Arthur de Richemont la ville de Paris sur les Anglais. Il reçoit en récompense, le le titre de grand chambellan de France avec les honneurs de prince légitime. Il domine alors le Conseil du roi, appuyé par la clientèle de Yolande d'Aragon, belle-mère du roi.
Toutefois, Dunois se montre mécontent du peu d'efforts consentis par Charles VII pour obtenir la libération de son demi-frère Charles d'Orléans, prisonnier des Anglais depuis la bataille d'Azincourt[8]. Par conséquent, il entre dans une conspiration tramée par Georges de la Trémoille contre Charles VII et participa en 1440 à la Praguerie, révolte féodale à laquelle prit également part le Dauphin (futur Louis XI). Il reçoit ensuite le pardon du souverain.
Il participe aux sièges de Gallardon et de Dieppe ainsi qu'à celui d'Harfleur (celui de 1450). En 1444, le roi le nomme son lieutenant général ; à peine revêtu de cette haute dignité, il expulse les Anglais de la Normandie par la victoire de Formigny, et le siège de Caen en 1450.
Après la mort de Charles VII, Dunois, mécontent de son successeur, entre dans la Ligue du Bien public en 1465. Lors du siège de Paris, il reçoit au château de Beauté les notables de la capitale dont il exige la reddition. Mais ceux-ci, menacés par les agents de Louis XI, ne cèdent pas. Dunois négocie le traité de Conflans, et, rentré en grâce, préside le conseil de réformation pour le bien public, dit Conseil des Trente-Six. Réconcilié avec Louis XI, il fait de cet organe un fidèle instrument du pouvoir royal.
Dunois meurt le à Lay et est inhumé près de sa femme à la chapelle Saint-Jean-Baptiste de Notre-Dame de Cléry[9].
Jean d'Orléans, comte de Dunois et de Longueville. Album « Recueil de costumes de Gaignières », XVIIe siècle, Paris, BnF.
Dunois reçut plusieurs seigneuries : Valbonnais en 1421, Claix[10], comté de Dunois en 1439, comté de Longueville en 1443. Par son mariage avec Marie d'Harcourt en 1439, il fut aussi seigneur de Parthenay. En 1456, le duc de Savoie lui avait également vendu la baronnie de Gex (Ain), avec la possibilité de la lui racheter au même prix 10 années plus tard, ce qui se produisit en 1466.
Ses armoiries furent d'azur à trois fleurs de lys d'or brisé d'un lambel d'argent (les armes de son père, le duc d'Orléans) brisé d'une traverse de sable (un signe de bâtardise) puis d'Orléans, brisé d'une barre d'argent. Ses descendants, les Orléans-Longueville, renversèrent la barreenbande, effaçant ainsi le signe de bâtardise.
Il épousa, en avril 1422 à Bourges, Marie Louvet (morte en 1426), fille de Jean Louvet, seigneur de Mérindol et président de la chambre des comptes d'Aix-en-Provence.
Portrait présumé de Jean de Dunois, XVe siècle (collection particulière).
Pauline Bord (préf. Bertrand Schnerb), Jean de Dunois, la fidélité récompensée, Châteaudun, Société dunoise d'archéologie, histoire, sciences et arts, , 159 p. (ISBN978-2-9539310-2-0).
Pauline Bord, « Au lendemain d'Azincourt : Jean bâtard d'Orléans (1403-1468), l'enjeu de la captivité du duc Charles », dans Alain Marchandisse et Bertrand Schnerb (dir.), Revue du Nord, hors-série, Autour d'Azincourt : une société face à la guerre (v. 1370 - v. 1420), Villeneuve-d'Ascq, Université de Lille-3, coll. « Histoire » (no35), (présentation en ligne), p. 237-250.
Philippe Contamine, « L'action et la personne de Jeanne d'Arc, remarques sur l'attitude des princes français à son égard », Bulletin de la société historique de Compiègne, t. 28 « Actes du colloque Jeanne d'Arc et le cinq cent cinquantième anniversaire du siège de Compiègne, 20 mai - 25 octobre 1430 », , p. 63-80 (lire en ligne).
Philippe Contamine, « Jean, comte de Dunois et de Longueville (1403 ?-1468), ou l'honneur d'être bâtard », dans Éric Bousmar, Alain Marchandisse, Christophe Masson et Bertrand Schnerb (dir.), Revue du Nord, hors-série, La bâtardise et l'exercice du pouvoir en Europe du XIIIe au début du XVIe siècle, Villeneuve-d’Ascq, Université de Lille-3, coll. « Histoire » (no31), , 516 p., p. 285-312.
Pierre-Roger Gaussin, « Les conseillers de Charles VII (1418-1461). Essai de politologie historique », Francia, Munich, Artemis-Verlag, vol. 10, , p. 67-130 (lire en ligne).
Jean Thibault, « Un prince territorial au XVe siècle : Dunois, Bâtard d'Orléans », Bulletin de la Société Archéologique et Historique de l'Orléanais, Orléans, t. XIV, no 116, , p. 3-46 (ISSN0337-579X, lire en ligne).
Jean Thibault, « Familles royales, familles princières : l'exemple atypique de la famille d'Orléans au XVe siècle ou la Légitimité assumée de la Bâtardise », dans Christiane Raynaud (dir.), Familles royales, vie publique, vie privée, aux XIVeetXVe siècles, Aix-en-Provence, Publications de l'Université de Provence, coll. « Le temps de l'histoire », , 213 p. (ISBN978-2-85399-751-5, présentation en ligne, lire en ligne), p. 132-143.