Siège de Rouen par Henri V, British Library, Cotton MS Julius E IV/3, fo 19 vo, quatrième quart du XVe siècle.
En raison du manque d’effectifs du côté anglais, l’assaut de la ville ne peut être donné. Aussi, les Anglais décident de réduire la ville en l’affamant sous la conduite de leur roi Henri V d’Angleterre, le vainqueur d’Azincourt en 1415.
Habilement, les Anglais font contourner la ville à leurs navires par voie de terre et bloquent tout ravitaillement par la Seine.
La famine s’installe et des « bouches inutiles » (femmes, enfants et vieillards) sont expulsés de la ville en plein hiver. Pour leur malheur, ces derniers ne pourront quitter les fossés, le libre passage leur étant interdit par les Anglais.
Plusieurs sorties, braves mais désespérées, auront lieu, dont une qui verra un des ponts de la ville s’effondrer sous les pieds de la garnison, les poutres en ayant été sciées. La chronique de Saint Denis, dont les moines eurent à souffrir du parti bourguignon, donnera corps à de curieuses rumeurs de sabotage et de trahison par le gouverneur Guy Le Bouteiller.
Exsangue, seule face à l’adversité, Rouen, dont la population en est réduite à la toute dernière extrémité, se résout à négocier en envoyant comme parlementaire le gouverneur Guy Le Bouteiller avec six commissaires.
Après huit jours de négociation, les envoyés rouennais n'ont pu obtenir aucune condition. Les habitants de Rouen semblent alors s’être résolus à détruire leur ville et à abandonner celle-ci en tentant une sortie désespérée.
Informé du risque de ne s’emparer que de cendres après un siège coûteux d’une demi-année, le roi Henri V d’Angleterre accorde alors des conditions de reddition favorables à Rouen, qui remet ses clés à son nouveau souverain le . Toutefois neuf personnes furent exceptées de ces conditions favorables dont Guillaume d'Houdetot, bailli de Rouen, Alain Blanchard, capitaine des arbalétriers, Jean Seigneult, maire de Rouen, Robert de Livet, chanoine de la cathédrale et le bailli de Valmont. Certains rachetèrent leur grâce. Un seul, trop pauvre pour payer, fut exécuté, Alain Blanchard[2].
Rouen ne reviendra dans le giron du roi de France qu’en 1449 lorsque Charles VII se présentera devant la ville, accompagné de l’artillerie moderne des frères JeanetGaspard Bureau, payée par l’argent de Jacques Cœur.
Informée du maintien de ses privilèges par le roi de France, la ville se révolte contre l’Anglais. Rouen devra attendre cependant longtemps avant de retrouver un monde pacifié propice au commerce.
(en) Christopher T. Allmand, « Local Reaction to the French Reconquest of Normandy : The Case of Rouen », dans J. R. L. Highfield et Robin Jeffs (dir.), The Crown and Local Communities in England and France in the Fifteenth Century, Gloucester, Alan Sutton, , 192 p. (ISBN0-904387-67-4), p. 146-161.
(en) Christopher T. Allmand, Lancastrian Normandy, 1415-1450 : The History of a Medieval Occupation, Oxford, Clarendon Press, , XIII-349 p. (ISBN0-19-822642-X, présentation en ligne).
(en) Anne Curry, « Henry V's conquest of Normandy 1417-19 : the siege of Rouen in context », dans Guerra y Diplomacia en la Europa Occidental, 1280-1480 : XXXI Semana de estudios Medievales, Estella, 19 a 23 de julio de 2004, Pampelune, Gouvernement de Navarre, , 467 p. (ISBN978-84-235-2762-5), p. 237-254.
Anne Curry, « Les villes normandes et l'occupation anglaise : l'importance du siège de Rouen (1418-1419) », dans Pierre BouetetFrançois Neveux (dir.), Les villes normandes au Moyen Âge. Renaissance, essor, crise : actes du colloque international de Cerisy-la-Salle, 8-, Caen, Presses universitaires de Caen, , 385 p. (ISBN978-2-84133-270-0, lire en ligne), p. 109-124.
François Neveux, La Normandie pendant la guerre de Cent Ans (XIVe – XVe siècle), Rennes, Ouest France, coll. « Université », , 535 p. (ISBN978-2-7373-3695-9).
Léon Puiseux, Siège et prise de Rouen par les Anglais (1418-1419) principalement d'après un poème anglais contemporain, Caen, É. Le Gost-Clérisse, , XI-310 p. (lire en ligne).