Fils d'un pasteurpentecôtiste[5], Denis Mukwege effectue ses études primaires à l'athénée royal de Bukavu, puis poursuit ses études secondaires à l'institut Bwindi de Bukavu dans la province du Sud Kivu en RDC, où il obtient un diplôme en biochimie en 1974. Après deux années passées à la faculté polytechnique de l'université de Kinshasa (UNIKIN), il trouve sa voie en s'inscrivant, en 1976, à la faculté de médecine du Burundi.
Son diplôme de médecin obtenu en 1983, il fait ses premiers pas professionnels à l'hôpital de Lemera, situé au sud de Bukavu. En 1984, il obtient une bourse de la Swedish Pentecostal Mission[6] pour suivre une spécialisation en gynécologie à l'université d'Angers, en France. Il fonde avec un Angevin l'association France-Kivu pour aider sa région d'origine[1].
Le, il devient docteur en sciences médicales à l'université libre de Bruxelles après avoir soutenu une thèse intitulée Étiologie, classification et traitement des fistules traumatiques uro-génitales et génito-digestives basses dans l’Est de la RDC[7].
En 1989, il choisit de retourner au Congo (appelé en ce moment République du Zaïre) pour s'occuper de l'hôpital de Lemera, dont il devint médecin directeur.
En 1996, alors qu'il évacuait un malade vers Bukavu, il y eut l'attaque de Lemera par des rebelles. L'hôpital fut saccagé, une trentaine de malades et membres du personnel furent massacrés. Mukwege échappa ainsi à la mort. Les rebelles approchant la ville de Bukavu, il partit en exil à Naïrobi, au Kenya. C'était le début de la première guerre du Congo. Après une accalmie, il décide de retourner au Congo. Avec l'aide du PMU (Pingstmissionens Utvecklingssamarbete, association caritativesuédoise), il y fonde l'hôpital de Panzi à Bukavu. Il se voit alors confronté à des cas de viols avec extrême violence et à des mutilations génitales faites aux femmes. Dans une région où le violcollectif est utilisé comme arme de guerre, il se spécialise dans une prise en charge médicale des femmes victimes de ces agressions sexuelles. Profondément marqué par ces violences croissantes et toujours plus atroces, il décide de faire connaître aux dirigeants congolais, puis au monde la barbarie dont sont victimes les femmes dans la région du Kivu, dans l'est de la république démocratique du Congo, et d'agir pour leur venir en aide. Au constat d'une dévastation dépassant une thérapie médicale, il crée la Fondation Panzi (2008), afin d'assurer une prise en charge holistique consistant à accompagner la prise en charge médicale d'une prise en charge psychologique, d'une réinsertion socio-économique de la patiente et d'un accompagnement juridique, un modèle basé sur quatre piliers, appelé『Centre à guichet unique』ou "Modèle de Panzi".
Le, il est victime d’un attentat en plein centre de Bukavu. Ses filles sont tenues otages en attendant son retour à son domicile. Le gardien de sa maison est abattu, voulant s'attaquer aux hommes armés voulant exécuter le Docteur. Après leurs coups de feu, les assassins fuient dans la voiture du Docteur, retrouvée abandonnée le lendemain. Mais grâce à l'intervention des riverains, qui se portent à son secours, il en sort sain et sauf[8]. Il se réfugie alors quelques mois en Belgique puis aux Etats-Unis. Sous un appel croissant de ses patientes, il retourne trois mois plus tard de son exil et reprend son travail à l'hôpital de Panzi, au Congo-Kinshasa[1] où il décide désormais de résider. L'ONU assigne à la protection du Docteur une brigade de sa mission de stabilisation au Congo (MONUSCO)
En 2014, il reçoit du Parlement EuropéenlePrix Sakharov pour la Liberté de l'Esprit. L'année suivante il engage un plaidoyer auprès du Parlement pour une meilleure régulation de l'importation et consommation européenne des minerais en provenance des zones de conflits de la R.D.C. La Commission Européenne et le Parlement Européen adoptèrent une réglementation à cet égard (Mars 2017)[9].
En 2018, il reçoit le Prix Nobel de la paix avec Nadia Murad, pour leurs efforts pour mettre fin à l'emploi des violences sexuelles en tant qu'arme de guerre[10]. Ensemble, ils ont fondé et fait adopter aux Nations Unies (30 octobre 2019) un Fonds Global pour les Survivant.e.s, permettant d'octroyer des réparations aux concernés, lorsque les Etats ne peuvent ou ne veulent le faire.
En 2020, à l'issue de déclarations menaçantes d'un officier de l'armée rwandaise, l'ONU et l'Union Européenne se mobilisent pour sa sécurité. Le Parlement Européen émet une résolution à cet égard. La protection de la MONUSCO, qui lui avait été retirée à la suite de la pandémie de Covid-19, est restaurée. Le chef de l'Etat de la RDC se dit préoccupé par les menaces et instruit le gouvernement d'assurer sa sécurité et d'ouvrir une enquête. Selon le président, « intimidations, correspondances haineuses et menaces de mort sont le lot quotidien du réparateur des femmes violentées »[11].
Il vit sous protection par les forces de l'ONU dans l'enceinte de l'hôpital de Panzi, ayant été victime de plusieurs tentatives de meurtres[12].
Sous un appel de la population, notamment des femmes, qui décident de payer sa caution de candidature, en octobre 2023, Denis Mukwege annonce sa candidature à l'élection présidentielle de 2023[13],[14]. Dans un climat d'irrégularités et de fraudes, décriées par la population et des observateurs nationaux et internationaux, les élections sont emportées par le président sortant.
Citoyen d'Honneur de Woluwé St. Lambert (Belgique)
Prix Scandinave pour la Dignité Humaine (Suède)
Prix de la Paix de Séoul (Corée du Sud)
Prix « Héros pour l'Afrique », accompagné d'un chèque de 100 000 euros, remis au Parlement européen par la Fondation pour l'égalité des chances en Afrique[26]
Prix des Quatre Libertés, décerné par la Fondation Franklin Delano-Roosevelt pour la Liberté de Vivre à l'Abri du Besoin, remis en présence du roi Willem-Alexander des Pays-Bas, de la reine Màxima, et de la princesse Beatrix
Prix Héros pour l'Afrique (Belgique)
Citoyen d'honneur de la commune de Melun (France) et signature d'une convention de coopération internationale entre la ville de Melun, son hôpital et l’hôpital de Panzi pour des échanges de médecins et l'envoi de matériels et machines médicales à Panzi[28]
2017 :
prix Grand Témoin de La France Mutualiste, décerné par le Jury Junior pour son livre Plaidoyer pour la vie. Le thème de l'année était : « L'engagement citoyen, héros d'aujourd'hui »
2014 : docteur honoris causa de l'université catholique de Louvain (UCLouvain), qui met en avant son « anticonformisme porté par des valeurs de liberté, respect et audace »[32].
2012 : le Groupe de Recherche et d'Information sur la Paix édite le livre L'homme qui répare les femmes[45]deColette Braeckman. Sa réédition par le GRIP quelques années plus tard sera caractérisée par une nouvelle page de couverture et l'ajout de deux chapitres inédits sur son combat.
2016 : 35e personnalité la plus influente du monde en 2016 d'après le magazine Fortune[46].
2017 : le rappeur Médine sort un album intitulé Prose Élite dans lequel il lui consacre une chanson : « L'Homme qui répare les femmes »
2018 : personnage secondaire de l'album de bande dessinée Kivu de Jean Van Hamme et Christophe Simon (éd. Le Lombard, coll. « Signé »)[47]
2023 : La promotion 2023-2026 de l'IFSI (institut de formation en soins infirmiers) de Niort porte son nom.
L'action du docteur Mukwege pour venir en aide aux femmes violées, au moyen des opérations de chirurgie réparatrice qu'il pratique à l'hôpital de Panzi de Bukavu a fait l'objet de deux films documentaires :
↑Emmanuelle Portejoie, « Un Martin Luther King africain. L’action du gynécologue Denis Mukwege est nourrie par une foi très engagée. », Réforme, no 3651, .
↑« Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, au « Monde » : « Il faut une convention internationale pour éliminer l’usage du viol comme arme de guerre » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑« CONGO-RDC Le docteur Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix en 2018, annonce sa candidature à l’élection présidentielle en RDC », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
Colette Braeckman, L’homme qui répare les femmes : violences sexuelles au Congo, le combat du Dr Mukwege, André Versaille éditeur, 2012 (ISBN978-2-87495-194-7).
(de) Birger Thureson, Die Hoffnung kehrt zurück: Der Arzt Denis Mukwege und sein Kampf gegen sexuelle Gewalt im Kongo (titre original : De glömda kvinnornas röst), traduit du suédois par Michael Josupeit, édité par le Deutsches Institut für Ärztliche Mission e. V., Brandes & Apsel, 2013 (ISBN978-3-95558-001-8)